La complexité du système R Aquarii capturée par SPHERE. En testant un nouveau sous-système de l’instrument SPHERE, un chasseur d’exoplanètes installé sur le Very Large Telescope de l’ESO, les astronomes ont pu capturer, avec une résolution inédite – supérieure à celle caractérisant les observations du Télescope Spatial Hubble du consortium NASA/ESA, les moindres détails de l’interaction turbulente entre les deux étoiles du système R Aquarii.[...]
La complexité du système R Aquarii capturée par SPHERE. En testant un nouveau sous-système de l’instrument SPHERE, un chasseur d’exoplanètes installé sur le Very Large Telescope de l’ESO, les astronomes ont pu capturer, avec une résolution inédite – [...]

Danser avec l’ennemi

Résultat scientifique Univers
La complexité du système R Aquarii capturée par SPHERE. En testant un nouveau sous-système de l’instrument SPHERE, un chasseur d’exoplanètes installé sur le Very Large Telescope de l’ESO, les astronomes ont pu capturer, avec une résolution inédite – supérieure à celle caractérisant les observations du Télescope Spatial Hubble du consortium NASA/ESA, les moindres détails de l’interaction turbulente entre les deux étoiles du système R Aquarii.

En testant un nouveau sous-système de l’instrument SPHERE, un chasseur d’exoplanètes installé sur le Very Large Telescope de l’ESO, les astronomes(1) ont pu capturer, avec une résolution inédite – supérieure à celle caractérisant les observations d’Hubble, les moindres détails de l’interaction turbulente entre les deux étoiles du système R Aquarii.


Sur cette image spectaculaire – le second opus de la semaine de l’ESO consacrée à R Aquarii – figurent les détails intimes du couple d’étoiles composant le système binaire R Aquarii. La plupart des étoiles binaires sont liées entre elles par la gravité, les conduisant simplement à valser l’une autour de l’autre. La relation unissant les étoiles qui composent R Aquarii est beaucoup moins sereine toutefois. La plus petite des deux étoiles, de dimensions pourtant restreintes, accrète en effet la matière de son compagnon en fin de vie – une géante rouge. 
Des années d’observation ont mis au jour l’histoire du système binaire R Aquarii, au centre de cette image. La plus vaste des deux étoiles, une géante rouge, est classée parmi les variables de type Mira. A l’issue de leur existence, ces étoiles commencent à pulser, brillant tels mille soleils à mesure que leurs enveloppes se dilatent et se dispersent dans l’espace interstellaire.
La mort de cette étoile est un épisode déjà dramatique, auquel s’ajoute la funeste contribution de son compagnon, une naine blanche. Cette dernière, caractérisée par une taille réduite, une densité plus élevée et une température supérieure à celles de la géante rouge, accrète la matière constituant les couches externes de son compagnon. Les jets de matière stellaire expulsés par ce géant en fin de vie figurent sur cette image sous l’aspect de filaments pointant vers l’extérieur du système.
Lorsque de la matière en quanité suffisante s’accumule à la surface de la naine blanche, une explosion thermonucléaire de type nova se produit. Cet événement se traduit par l’éjection d’une vaste quantité de matière dans l’espace. Les vestiges des novae passées sont visibles sur cette image, sous l’aspect de minces nébuleuses de gaz rayonnant depuis R Aquarii.  
R Aquarii se situe à 650 années lumière seulement de la Terre – en termes astronomiques, il s’agit d’un proche voisin, l’un des systèmes binaires symbiotiques les plus proches de la Terre. Pour cette raison, cette intrigante binaire fait l’objet d’une attention particulière de la part des astronomes depuis des décennies. En capturant cette image montrant les multiples caractéristiques de R Aquarii, les astronomes ont pu tester les capacités du Polarimètre Imageur de Zurich (ZIMPOL), l’un des composants du chasseur d’exoplanètes SPHERE. Les résultats obtenus ont dépassé toute espérance : la qualité de l’image, sa résolution notamment, est supérieure en effet aux observations effectuées par le célèbre Télescope Spatial Hubble du consortium NASA/ESA. 
Le développement de SPHERE résulte de longues années d’étude et de conception. Il s’inscrit dans le cadre de la recherche d’exoplanètes, l’un des domaines les plus stimulants et les plus excitants de l’astronomie contemporaine. Grâce à un système performant d’optique adaptative et à un ensemble d’instruments dédiés tel ZIMPOL, SPHERE est en mesure de réaliser l’impossible : l’imagerie directe d’exoplanètes. Les capacités de SPHERE ne se limitent toutefois pas à la simple recherche d’exoplanètes. L’instrument peut également être utilisé pour étudier une variété de sources astronomiques, comme en témoigne cette splendide image de la complexité du système R Aquarii.

Liens : Photos du VLT

Source ESO

Sources

 

H. M. Schmid, A. Bazzon, J. Milli, R. Roelfsema, N. Engler, D. Mouillet, E. Lagadec, E. Sissa, J.-F. Sauvage, C. Ginski, A. Baruffolo, J. L. Beuzit, A. Boccaletti, A. J. Bohn, R. Claudi, A. Costille, S. Desidera, K. Dohlen, C. Dominik, M. Feldt, T. Fusco, D. Gisler, J. H. Girard, R. Gratton, T. Henning, N. Hubin, F. Joos, M. Kasper, M. Langlois, A. Pavlov, J. Pragt, P. Puget, S. P. Quanz, B. Salasnich, R. Siebenmorgen, M. Stute, M. Suarez, J. Szulágyi, C. Thalmann, M. Turatto, S. Udry, A. Vigan and F. Wildi (2018) SPHERE / ZIMPOL observations of the symbiotic system R Aqr. I. Imaging of the stellar binary and the innermost jet clouds, Astronomy and Astrophysics,  doi:10.1051/0004-6361/201629416

Notes

 

  1. Les laboratoires français impliqués sont l'Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble (IPAG, CNRS/Université Grenoble Alpes), le laboratoire LAGRANGE (OCA, CNRS/Université Côte d’Azur), le Laboratoire d’astrophysique de Marseille (LAM, CNRS/AMU), le Laboratoire d’études spatiales et d’instrumentation en astrophysique (LESIA, Observatoire de Paris/CNRS, Sorbonne Université/Université Paris-Diderot), le Centre français de recherche aérospatiale (ONERA, Ministère de la défense) et le Centre de recherche astrophysique de Lyon (CRAL, CNRS/ENSL/Université Lyon).