Bloc d’hydrate de méthane, enfoui dans le premier mètre du sédiment, découvert au large de l'Oregon (États-Unis) © Wusel007

Dégazage massif d’hydrates de gaz et réchauffement climatique

Résultat scientifique Terre Solide

Les hydrates de gaz sont des composés solides d’eau et de gaz, majoritairement du méthane, qui sont stables dans les sédiments marins à plus de 300-600 m de profondeur. Ces sédiments forment le plus grand réservoir de carbone sur Terre. Toute augmentation de la température des océans peut avoir un effet sur la stabilité de ces gisements dont une partie est alors libérée sous forme gazeuse. La zone la plus vulnérable aux changements de température est sur la partie supérieure de la pente continentale, où les sédiments contenant des gaz congelés entrent en contact avec les eaux océaniques plus chaudes.

Pour connaitre le niveau de dégazage des gisements, des chercheurs ont étudié la limite supérieure de la zone de stabilité au niveau de l’éventail du Rio Grande sur la marge brésilienne. Ils ont analysé un vaste réseau de données géophysiques, géologiques et géochimiques, acquises lors de plusieurs campagnes océanographiques grâce, entre autres, à des robots sous-marins AUV et ROV. Ils ont observé dans cette zone, un flux massif de méthane composé de centaines de points d’échappements de gaz qui remontent dans la colonne d’eau. Le flux advectif est trois fois supérieur au flux diffusif, ce que remet en question l’hypothèse selon laquelle le méthane libéré est principalement consommé par l'activité microbienne avant de quitter le fond marin.

Les résultats obtenus mettent en évidence, pour la première fois dans l’hémisphère sud, une déstabilisation des hydrates de gaz consécutive au réchauffement de la température de l’océan dans cette zone. Elle est la preuve d’un déséquilibre thermodynamique entre la bordure de la zone de stabilité observée à partir des données sismiques et l’élévation de la température des eaux profondes compatible avec un réchauffement de l’océan sur plusieurs décennies.

En savoir plus

Gas hydrate dissociation linked to contemporary ocean warming in the southern hemisphere – Nature Communications volume 11, Article number: 3788

Ketzer JM, Praeg D, Rodrigues LF, Augustin A, Pivel M, Rahmati-Abkenar M, Miller D, Viana A, Cupertino J

https://doi.org/10.1038/s41467-020-17289-z

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João Marcelo Ketzer
Université de Linnaeus
Daniel Praeg
Géoazur