La disparition des derniers glaciers hawaiiens : une clé pour appréhender les changements climatiques

Dans l'imaginaire collectif, le seul nom d'Hawaii est synonyme de chaleur tropicale, de plages... Pourtant, il y a près de 20 millénaires, une calotte glaciaire vaste comme la ville de Paris s'étendait sur les sommets de cette île du Pacifique tropical. Des chercheurs du CNRS(1) viennent de révéler une partie de son histoire, permettant ainsi de lever une clef essentielle pour comprendre le fonctionnement climatique de notre planète au cours des cycles glaciaires du Quaternaire(2).

Affleurement de roches volcaniques au sommet du Mauna Kea. © CRPG, Jérôme Lavé

L'histoire de cette calotte montre que les glaciers hawaïens ont atteint leur maximum d'extension entre 19 000 et 16 000 ans et ont persisté jusqu'à 15 000 ans, à environ 3500 mètres d'altitude. Pour maintenir les glaciers sous ces latitudes tropicales, les calculs indiquent qu'à cette époque l'atmosphère des sommets d'Hawaï était plus froide d'environ 7ºC et que ces conditions glaciaires ont persisté jusqu'à 15 000 ans. Tandis que le Pacifique Sud se réchauffait progressivement depuis 18 000 ans, la persistance tardive (avec 3000 ans de décalage) de ces conditions glaciaires à Hawaii suggère une connexion des masses d'air atmosphériques à grande échelle entre l'Atlantique Nord et le Pacifique central. Ce résultat, obtenu grâce à la datation par 3He cosmogénique(3) de moraines glaciaires(4) abandonnées sur les flancs du Mauna Kea, un volcan de 4200 mètres aujourd'hui éteint, est publié dans Nature, jeudi 4 octobre 2007. Il permettra d'améliorer les modèles atmosphériques utilisés par les laboratoires du monde entier pour appréhender les changements régionaux induits par le réchauffement climatique du XXIe siècle.

Modèle numérique d'extension de la calotte glaciaire qui recouvrait le sommet du Mauna Kea (Hawaii) il y a 19 000 ans. © Google Earth, CRPG