Du plancton marin retrouvé dans de l'ambre

Des micro-organismes marins viennent d'être trouvés dans des ambres datant du milieu du Crétacé et récoltés en Charente. Cette découverte tout à fait inattendue permet d'approfondir les connaissances sur ces espèces marines disparues, mais donne aussi des informations précieuses sur l'environnement côtier de l'Ouest de la France au Crétacé. Ces travaux réalisés par des chercheurs du laboratoire Géosciences Rennes (CNRS/Université de Rennes 1), en collaboration avec des chercheurs du laboratoire Paléobiodiversité et Paléoenvironnement de Paris (CNRS/Muséum national d'histoire naturelle/Université Pierre et Marie Curie) et du Centre de Géochimie de la Surface de Strasbourg (CNRS/Université de Strasbourg 1), sont publiés dans la revue PNAS du 11 novembre 2008.

 

L'ambre est une résine fossile réputée pour préserver dans ses moindres détails les insectes et autres arthropodes terrestres (araignées, scorpions, acariens) qui vivaient par le passé sur les arbres résinifères. L'origine forestière de l'ambre écartait ainsi a priori tout piégeage d'animaux marins dans la résine fossile. Pourtant, des chercheurs du laboratoire Géosciences de Rennes viennent de découvrir différents éléments du plancton marin dans des ambres datant du milieu du Crétacé (-100 à -98 millions d'années). Ces micro-organismes sont localisés dans quelques rares morceaux d'ambre parmi les milliers étudiés, mais présentent pourtant une remarquable diversité : des algues unicellulaires, principalement des diatomées observées en grand nombre, des éléments du plancton animal tels que des radiolaires et un foraminifère, des épines squelettiques d'éponges et d'échinodermes...

Réalisée en collaboration avec les chercheurs du Muséum national d'histoire naturelle, l'étude des diatomées a permis de reculer de 10 à 30 millions d'années dans le temps la première apparition recensée de plusieurs formes marines de ce type d'algues. Ces informations inédites, confrontées aux toutes récentes données de la phylogénie moléculaire, constituent une avancée inestimable pour la compréhension de l'histoire évolutive complexe des diatomées.

La présence de tels organismes marins dans de l'ambre constitue un paradoxe écologique. Comment ces espèces marines ont-elles été engluées puis piégées dans la résine de conifère ? L'interprétation la plus vraisemblable est que la forêt productrice d'ambre était très littorale, potentiellement fouettée par des embruns chargés de plancton, ou bien inondée par des eaux marines, lors des tempêtes.

La préservation d'organismes marins dans de l'ambre est exceptionnelle : c'est à la fois un atout formidable pour approfondir la connaissance de ces espèce disparues et pour avoir une idée précise de l'environnement côtier de l'Ouest de la France au Crétacé.