Des scientifiques de douze pays forent les sédiments de la plate-forme du New Jersey (USA) pour étudier les variations globales du niveau des mers

La remontée actuelle du niveau des mers enregistrée depuis 1993 en réponse au changement climatique met l'étude des variations du niveau des océans au coeur des préoccupations scientifiques. Les sédiments marins déposés au cours de l'histoire de la Terre ont enregistré les fluctuations anciennes et peuvent apporter des clés pour comprendre le futur. C'est dans cet objectif que l'expédition internationale IODP 313, codirigée par Gregory Mountain de l'Université Rutgers (New Jersey, USA) et Jean Noël Proust de Géosciences Rennes (CNRS, Université de Rennes 1) va forer le plateau continental de la côte est américaine au large du New Jersey du 1er mai à la fin juillet. Ces forages vont permettre d'échantillonner les sédiments déposés lors d'une période d'intenses fluctuations du niveau de la mer résultant de variations climatiques et tectonique, il y a 14 à 24 millions d'années. La campagne est mise en oeuvre par le consortium ECORD (European Consortium for Ocean Research Drilling), piloté par l'INSU-CNRS, pour le programme international de forages océaniques IODP (Integrated Ocean Drilling Program) (1).

 

Les sédiments au large des côtes du New Jersey se sont déposés rapidement, dans une zone tectoniquement stable, en préservant les organismes qui permettent de les dater. De nombreuses données sismiques ainsi que des mesures géophysiques en fonds de puits ont déjà été acquises dans cette zone et donnent une idée précise du contexte géologique de la plateforme continentale de l'Ouest de l'Atlantique nord. Trois puits distants de 45 à 60 km de la côte seront forés jusqu'à 750 m de profondeur sous 35 m d'eau. L'analyse des carottes va permettre de reconstituer avec précision les variations globales du niveau de la mer au cours de cette période, et d'observer l'impact de ces changements sur le développement des séquences sédimentaires au large du New Jersey. Ces trois forages vont compléter le transect de la marge initié il y a une quinzaine d'années par des forages à terre et sur la partie plus profonde de la retombée continentale.

Des scientifiques de 12 pays participent à l'expédition. Au niveau français, quatre laboratoires (2) sont impliqués dans le projet et s'intéresseront particulièrement à l'étude sédimentologique et aux mesures géophysiques en fonds de puits.

La plate-forme de forage mise en oeuvre, le Kayd, est équipée d'une technologie adaptée à la récupération de carottes par faible profondeur d'eau dans les sédiments riches en sables du plateau continental. Cette expédition sera la troisième menée par l'opérateur scientifique d'ECORD (ESO) dans le cadre d'IODP et utilisant une plate-forme spécifique contractée spécialement pour répondre aux contraintes de l'environnement de la zone forée. La première a foré le plancher de l'Arctique en 2004 pour reconstituer son histoire climatique au cours des 56 derniers millions d'années. La seconde a foré le récif corallien de Tahiti en 2005 pour comprendre les effets de la remontée du niveau de la mer liée au retrait des glaciers au cours des derniers 20.000 ans. Le programme international de forages scientifiques continentaux ICDP (International Continental Scientific Drilling Program) contribue au financement de cette opération.