Découverte d'une inclusion surprenante dans la météorite d'Isheyevo

Une étrange inclusion dans la météorite d'Isheyevo vient d'être découverte par une équipe du Muséum et de l'INSU-CNRS associée aux Universités de Lille et Grenoble. Cette inclusion, minéralogiquement primitive et riche en matière organique, présente des excès d'azote lourd les plus élevés jamais mesurés en laboratoire. Cette découverte remettrait en cause les modèles actuels de formation du système solaire. Les résultats sont publiés cette semaine dans la revue PNAS.

Au centre : inclusion PX18 (contour mis en évidence en rouge) vue au microscope électronique à balayage à haute résolution © : Omar Boudouma, Université Paris VI, et Giacomo Briani, LMCM (MNHN/INSU-CNRS). Autour : images NanoSIMS montrant les enrichissements en azote lourd - les points jaunes sont les plus enrichis en 15N © : LMCM (MNHN/INSU-CNRS)

Une équipe du Laboratoire de Minéralogie et Cosmochimie du Muséum (UMR 7202 MNHN/CNRS) associée à des chercheurs de l'Université de Florence (Italie), du Laboratoire de structures et propriétés de l'état solide et du Laboratoire de planétologie de Grenoble , rapporte, dans un article à paraître cette semaine dans les PNAS, la découverte d'une étrange inclusion dans la météorite d'Isheyevo. La minéralogie de cette inclusion (silicates anhydres de magnésium et de fer) est semblable à celle de certaines micrométéorites antarctiques ou stratosphériques. Elle pourrait indiquer une origine cométaire. Cependant, cette inclusion mesure ~ 0.5 mm et donc a un volume 30000 fois plus élevé que les micrométéorites.

Des mesures réalisées avec la NanoSIMS ont permis de montrer que cette inclusion, nommée PX18, a une composition isotopique de l'azote (proportion des divers isotopes de l'azote) extrêmement variable. Elle est, en particulier, 4 fois plus riche localement en azote lourd (15N) par rapport à la composition isotopique de la Terre. Cet enrichissement est le plus grand jamais observé dans la matière extraterrestre. Les zones riches en 15N correspondent à de la matière organique. Ces enrichissements en 15N permettront aux chercheurs de mieux comprendre les mécanismes de formation de la matière organique des météorites. Il est possible que des phénomènes complexes d'irradiation par le protosoleil (ancêtre du soleil) aient engendré cette composition isotopique anormale. La découverte de cette inclusion pose de nombreux problèmes aux modèles actuels de formation du système solaire.