La médiation scientifique à l’INSU

Comment impulser et valoriser la médiation de nos sciences pour partager nos connaissances avec le plus grand nombre ? C’est pour tenter de répondre à cette question que la direction de l’INSU a confié à Séverine Alvain une mission de médiation scientifique. Elle est depuis le 1er mai chargée dans un premier temps de procéder à un état des lieux de la médiation scientifique dans les Observatoires des Sciences de l’Univers (OSU) et laboratoires rattachés à l’INSU, avec en ligne de mire, la création d’un réseau de médiateurs. Elle nous explique ses motivations et nous décrypte les enjeux.

Pourquoi faire de la médiation scientifique ton métier ?

Par envie de partager avec la société ce qui se vit dans les laboratoires ! Si pendant ma scolarité, ce sont mes rencontres avec des acteurs de la recherche qui ont attisé ma curiosité au travers des récits d’exploration ou d’expériences, plus tard, c’est en tant que chargée de recherche que j’ai pu mesurer à quel point les attentes sont fortes : grand public, système éducatif, décideurs, tous sont en attente de ce partage, et c’est même de plus en plus prégnant, notamment dans des domaines en lien direct avec des enjeux sociétaux. L’enrichissement est mutuel : sens donné à nos travaux, mise en perspectives, décloisonnement des thématiques et des professions des laboratoires… dans ces moments nous donnons beaucoup, mais nous recevons autant des personnes que nous rencontrons !

Pourquoi encourager les personnels de la recherche à faire de la médiation scientifique ?

La présence des personnels au cœur de la cité permet de mettre en lumière les enjeux des recherches menés et les étapes qui y sont associées. A cette occasion les différents métiers de la recherche sont présentés et cela favorise, notamment auprès des jeunes filles et garçons, l’émergence de vocations en lien avec les sciences, dans toute leur diversité.  Les actions de médiation permettent in fine une meilleure (re)connaissance de la société qui finance et soutien les projets. Il me semble d’ailleurs important de faire ce travail pour les décideurs, afin qu’ils disposent d’un accès à la compréhension des travaux de recherche en cours et également à la façon dont ceux-ci sont menés : délais, contraintes, potentiels …  N’oublions pas non plus que le partage des connaissances aux différents publics fait partie de la mission du CNRS, et que parmi les six priorités définies par Antoine Petit en janvier 2018, on trouve « apporter une culture et une expertise scientifiques aux décideurs et à la société ».

Est-ce simple de consacrer une partie de son temps à la médiation quand on fait de la recherche ?

De fait, dans les laboratoires, il est très fréquent de rencontrer des personnels qui souhaitent partager leur quotidien et leurs travaux avec le plus grand nombre. Outre l’enjeu sociétal et l’envie individuelle, les aspects « médiation » ont une part croissante dans l’évaluation des projets de recherche.

Mais même chez les personnes motivées, ce n’est pas simple ! Certains ne se sentent pas reconnus, d’autres craignent de ne pas l’être ou de se sentir isolés.

Comment les aider ?

La part dédiée aux activités dites « outreach » des chercheurs peut faire la différence lors des sélections des projets. Je pense par exemple aux sommes dédiées à la médiation dans les appels d’offre ANR, ERC ou INTERREG. Des sommes parfois importantes sont souvent peu valorisées, par manque de temps, du réseau nécessaire ou de conseil en amont, lors du montage du projet. La nécessité de disposer d’outils structurants est très fréquemment signalée. Disposer d’un réseau de conseils pratiques et de retours d’expérience peut alors aider les chercheurs à mieux positionner leur candidature lors des réponses aux appels d’offres, selon leurs envies.

Comment vas-tu travailler ?

La première mission que m’a confiée le directeur de l’INSU est un recensement (à travers une prise de contact et un questionnaire via les OSU) d’actions et projets déjà menées sur les territoires. Il y en a de nombreuses, souvent excellentes, et il y a déjà des liens avec les acteurs de la culture scientifique très actifs et créatifs (forums, musées, médiathèques, associations, éducations…) qu’il faut identifier et valoriser !

Ceci pourra alors servir, pour la suite de ma mission, de trame à la création d’un réseau structurant, qui permettra à certains acteurs de sortir de l’isolement, de faire reconnaitre leurs actions, de partager les supports, les pratiques et les expériences, et d’aider d’autres personnels à se lancer dans des actions qui restent compatibles avec le temps qu’ils peuvent y dédier. Je pense qu’une meilleure identification et valorisation des acteurs de la recherche dans ce domaine permettra également une meilleure interaction avec les responsables des réseaux régionaux et nationaux qui coordonnent l’ensemble des acteurs (comme l’Amcsti notamment).

Ce que j’ai pu identifier à ce jour m’a convaincue que les énergies sont là, les moyens également ! Une mise en lumière et en réseau nous permettront de construire de beaux projets de partage et de médiation de la recherche en train de se faire. Le CNRS-INSU, à travers les sujets de recherche, sa présence sur les territoires (via les OSU notamment), peut jouer un rôle majeur dans la coordination de ces actions au sein des laboratoires de recherche.  Je vais donc commencer par aller à la rencontre des acteurs et collègues des laboratoires… et qu’ils n’hésitent également pas à venir vers moi !

Envie d'en savoir plus ?

Vous aimeriez vous lancer ou bien vous avez des expériences à partager ?
Contactez Séverine Alvain
Chercheuse au CNRS – LOG UMR8187
Chargée de médiation scientifique

severine.alvain@log.cnrs.fr
Tel. 03 20 33 70 38