« Une véritable synergie est née entre le CNRS et Météo-France »

CNRS

Le CNRS et Météo France ont renouvelé le 13 octobre leur convention-cadre, signée en 2016. D’une durée de cinq ans, elle vient renforcer la nature et l’intensité de leur collaboration sur des défis sociétaux tels que le changement climatique.

« Concernant le domaine Océan-Atmosphère, Météo-France est l’un de nos partenaires les plus importants » lance Jean-François Doussin, directeur adjoint scientifique en charge du domaine Océan-Atmosphère à l’Institut national des sciences de l’Univers (INSU) du CNRS.  « Leur thématique de recherche et leur culture de la performance et de la prévision nous ont permis de nouer des liens très forts et la signature de cette deuxième convention le montre bien ».

La collaboration entre le CNRS et Météo-France est ancienne, même avant que des collaborations l’officialisent, et porte sur le développement de la connaissance de la prévision météorologique, du changement climatique et de la qualité de l’air. Cette coopération s’inscrit d’ailleurs dans le 1er défi de la Stratégie Nationale de Recherche1  sur « la gestion sobre des ressources et l’adaptions au changement climatique ». Et les recherches menées dans le cadre de cette convention s’inscrivent également dans les défis sociétaux identifiés au sein du Contrat d’objectifs et de Performance 2019-2023 du CNRS, comme le changement climatique, les territoires du futur, l’intelligence artificielle ou la santé et l’environnement.

Deux unités de recherche communes

« Le CNRS mène des recherches d’intérêts climatiques depuis des décennies avec des laboratoires dédiés à l’étude de la météorologie », souligne Jean-François Doussin. Mais en ce qui concerne sa collaboration avec Météo France, il y a surtout le Centre national de recherches météorologiques2 , « une unité de 350 personnes" avec un centre au Météopole3  à Toulouse, le Centre d'Etude de la Neige à Grenoble ou le Centre d’Etudes en Météorologie Satellitaire de Lannion en Bretagne.  Au sein de cette unité, les ingénieurs et chercheurs du CNRS travaillent avec des ingénieurs et chercheurs de Météo-France pour approfondir les problématiques météorologiques en chimie atmosphérique, sur le cycle de l’eau, la simulation physique des écoulement ou encore la prévision numérique du temps . Une deuxième unité partagée, le Laboratoire de l'atmosphère et des cyclones,4  mène des travaux sur l’étude de l’atmosphère et des cyclones. 

Les deux partenaires bénéficient également d’infrastructures de recherche partagées. Avec par exemple SAFIRE5 , qui opère « trois avions de recherche nous permettant de faire des études sur la physique de l’atmosphère, sa composition et de collecter des données pour comprendre les phénomènes météorologiques et le climat ». Le CNRS, Météo-France et le CNES viennent d’ailleurs de recevoir un financement important du PIA36  qui permet d’acquérir un  avion permettant d’amplifier les études sur les mesures aéroportés. L’infrastructure ACTRIS, - en support des recherches sur le climat et la qualité de l’air - permet d’améliorer la compréhension de l’évolution passée, présente et future de la composition atmosphérique. Et également l’infrastructure de recherche DATA TERA, qui rassemble et combine les données spatiales et in situ du système Terre. 

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Décollage depuis la base aérienne de Solenzara en Corse, de l’avion Falcon 20 du service des avions français instrumentés pour la recherche en environnement (Safire) vers un orage, lors de la campagne de mesures Exaedre. © Cyril FRESILLON / EXAEDRE / SAFIRE / CNRS Photothèque

 

Pollution atmosphérique, prévision météorologique, compréhension des phénomènes extrêmes

L’axe Météo-France/CNRS est très structurant pour la communauté Océan-Atmosphère et répond à une demande sociétale. En plus de la prévision du temps, « il s’agit d’informer sur la pollution atmosphérique, le changement climatique », indique Jean-François Doussin. Car l’étude du climat et du changement climatique se fait à travers la modélisation du climat de la Terre. « On va s’intéresser aux conséquences du changement climatique, à la submersion des côtes, aux tempêtes... Tout cela découle de la compréhension des phénomènes atmosphériques. »

Territoires du futur, Santé et Environnement

Les partenaires travaillent également sur les mécanismes liés à la qualité de l’air, « ce qui relève du défi ‘Territoires du futur’ du COP du CNRS », explique le directeur adjoint scientifique. Les projets comme H2C (Heat and health in cities, chaleur et santé dans les villes) sur la compréhension des ilots de chaleur et leurs impacts sanitaires en sont un bon exemple, ou encore le projet ACRoSS, qui permet une recherche ciblée pour savoir si les interactions entre les masses d’air urbaines et celles émises par la végétation peuvent former des polluants nocifs. « Il y a aussi la physique du manteau neigeux qui est lié aux activités de glaciologie, mais concerne aussi l’économie des loisirs, ou encore le rôle et les propriétés de la neige dans les régulations thermiques. »

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Mise en place d'un mât équipé de capteurs météorologiques et nivologiques sur le continent Antarctique à l'aide de la grue d'un tracteur, au cours du raid ASUMA (Improving the accuracy of the surface mass balance of Antarctica). © Bruno JOURDAIN / IGE / CNRS Photothèque

Météo France collabore aussi au programme national LEFE7  du CNRS qui a pour vocation de soutenir des recherches visant à répondre aux priorités définies lors des prospectives Océan-Atmosphère. L’enjeu majeur de ce nouveau programme est de susciter et d’accompagner des recherches originales, pluridisciplinaires et transverses sur le fonctionnement de l’atmosphère et de l’océan, leur couplage et leurs interactions avec les autres composantes du système climatique. Ainsi une des préoccupations du programme est d’appréhender l’évolution du système Terre sous la pression anthropique.

Enfin, on ne peut parler de cette collaboration sans parler du programme international de recherche HyMeX sur la prévision des cycles de l’eau en Méditerranée et des prévisions extrêmes. « Une véritable synergie est née entre le CNRS et la Météo-France » avec des centaines de chercheurs sur le terrain, l’utilisation de ballons, d’avions qui ont permis de documenter d’une façon sans précédente les phénomènes physiques à l’origine de ces évènements extrêmes.

« Cette deuxième convention-cadre entre le CNRS et Météo-France s’inscrit dans la continuité de la collaboration prolifique qui existe déjà entre nous et vient la renforcer », indique Jean-François Doussin.

 
  • 1Inscrite dans la loi, la stratégie nationale de recherche (S.N.R.) est élaborée en cohérence avec celle de l’Union européenne. Il s’agit d’identifier un nombre limité de priorités scientifiques et technologiques permettant de répondre aux défis majeurs des prochaines décennies.
  • 2CNRS/Météo France.
  • 3La météopole est le campus toulousain regroupant des services de Météo-France et d'autres organismes proches.
  • 4CNRS/ Météo France/ Université de la Réunion.
  • 5CNRS/Météo France/CNES.
  • 6Le Gouvernement s'est engagé dans un Grand plan d'investissement de 57 milliards d'euros, mené tout au long du quinquennat, afin d'accompagner les réformes structurelles. Ce plan est fondé sur quatre priorités : accélérer la transition écologique (20 milliards d’euros), édifier une société de compétences (15 milliards d’euros), ancrer la compétitivité sur l’innovation (13 milliards d’euros) et construire l’État numérique (9 milliards d’euros). LE PIA3 est la troisième vague de ce plan d’investissement.
  • 7Les Enveloppes Fluides et l’Environnement

Les activités de recherche de la collaboration CNRS/Météo France

  • Prévisibilité des phénomènes atmosphériques
  • Études du climat et du changement climatique
  • Cycle de l’eau : étude des processus, modélisation et assimilation
  • Étude et modélisation des échanges Océan-Atmosphère
  • Physico-chimie atmosphérique et météorologie urbaine
  • Développements instrumentaux, télédétection
  • Microstructure du manteau neigeux