Plankton Planet embarque sur Persévérance pour une mission en péninsule Antarctique

Roscoff, le 17 janvier 2024,

Sur une initiative de l’eurodéputée Catherine Chabaud et du biologiste CNRS Colomban de Vargas, le programme d’océanologie participative Plankton Planet  embarque ce mercredi 17 janvier 2024 sur Persévérance, la goélette d’exploration polaire et de ravitaillement du futur Polar Pod conçue par Jean-Louis Etienne. Le temps d’une rotation du navire de trois semaines en péninsule Antarctique, l’équipe installera à bord ses nouveaux instruments ‘frugaux’ (relativement peu coûteux, open source et taillés pour une utilisation simple sur le terrain), visant à découvrir et mesurer la vie microscopique qui grouille dans les eaux marines et régule l’écosystème planétaire.

Cette mission permettra aussi de filmer et d’illustrer les premiers pas de cette nouvelle science à bord de Persévérance :  les instruments, leur utilisation, le retour de l’équipage qui découvre le microbiome marin, et la vision à long terme d’une mesure universelle et ‘seatoyenne’ de la vie invisible de l’océan.

Invisible et pourtant essentielle

L’eau de mer contient entre 10 et 100 milliards d’organismes par litre, pour la plupart invisibles à nos yeux. Ainsi, l’eau salée constitue le plus grand écosystème planétaire. Aujourd’hui, nous commençons à le comprendre, cette majorité vivante invisible qui flotte et évolue au gré des courants depuis 4 milliards d’années est un des régulateurs les plus fondamentaux du fonctionnement de notre planète, ainsi que la base biologique qui soutient toutes les populations d’algues, d’animaux, et d’humains qui vivent dans ou au bord de la mer. On lui doit par exemple la grande majorité de l’oxygène sur Terre, qui a tout simplement permis l’apparition et l’évolution des animaux.

Mesurer le microbiome à l’échelle planétaire

Connaître la biodiversité de ce vivant invisible planétaire – qui sont ces organismes, où et quand forment-ils des assemblages équilibrés, et comment fonctionnent-ils, tous ensemble ? – est un des grands défis scientifiques du siècle à venir. C’est aussi une responsabilité, car nous devons comprendre comment le socle biologique des écosystèmes réagit aux impacts locaux et globaux des humains sur la biosphère. Or pour cela il faut mesurer le microbiome de manière récurrente et homogène, à travers les saisons et surtout sur l’échelle spatiale planétaire de l’océan qui forme un grand tout interconnecté.

La science à portée des usagers des mers

Le programme ‘Plankton Planet’ propose une solution pour atteindre cette mesure planétaire du microbiome océanique : passer par une nouvelle génération d’instruments suffisamment simples et relativement peu coûteux (dits ‘frugaux’), permettant une mesure standardisée de la biocomplexité par les ‘seatoyens’ – tous les explorateurs et usagers des mers, qu’ils soient scientifiques, marins, plaisanciers, ou industriels.

En 2023, Plankton Planet a franchi un grand pas avec la mission Bougainville et son intégration à bord de navires de la Marine nationale. Cela a donné lieu à la création de postes d’’Officiers Aspirant Biodiversité, permettant à des étudiants de Sorbonne Université de partir en année de césure explorer le microbiome océanique sur les bâtiments d’outre-mer de la flotte militaire française1.

Un nouveau pas est franchi ce début 2024, avec l’installation du protocole à bord de Persévérance, la goélette polaire imaginée par l’explorateur Jean-Louis Etienne. Sous l’impulsion de Catherine Chabaud, navigatrice, députée européenne et marraine de Perséverance, et de Colomban de Vargas, biologiste marin et directeur de recherche au CNRS, et avec le soutien de la Fondation CNRS et de l’Institut de l’Océan de Sorbonne Université, une petite équipe rejoint aujourd’hui le cargo à voile pour la mission P3 (Plankton Planet onboard Perseverance). Ils appareilleront ce mercredi 17 janvier 2024 de Puerto Williams, sur la rive sud du canal du Beagle. Ils franchiront ensuite le passage de Drake pour aller explorer les écosystèmes de la péninsule Antarctique.

De l’intérêt d’embarquer ces instruments frugaux sur Persévérance

Durant ces trois semaines de navigation, la réalisatrice Dorothée Adam et l’ingénieur-biologiste Noan le Bescot pourront non seulement tester les instruments ‘Plankton Planet’ dans les conditions les plus excentriques et difficiles de navigation, mais aussi filmer et illustrer les protocoles scientifiques dans des paysages féeriques, au sein d’un des derniers écosystèmes encore sauvages sur Terre. Il s’agira aussi d’enseigner les protocoles à l’équipage du Persévérance, pour que l’échantillonnage et la mesure standard du microbiome océanique puisse continuer à bord dans les missions de la goélette.

En effet, Persévérance, navire ravitailleur de la future station dérivante ‘Polar Pod’, naviguera dans des zones extrêmement difficiles d’accès. L’océan Austral est un puissant régulateur de base du climat et du fonctionnement du système Terre, et pourtant il change plus rapidement que jamais sous les impacts anthropogéniques globaux, notamment le réchauffement, l’acidification, et la désoxygénation des eaux marines. Persévérance portera le flambeau de la mesure planétaire seatoyenne du vivant océanique dans les zones les plus mal connues et les plus importantes climatiquement de notre planète bleue.

Jean-Louis Etienne : “L’exploration et le partage pédagogique ont toujours été les mobiles de mes expéditions. Je sais d’expérience que le terrain donne une légitimité et une force aux propos. Cela permet de tisser des passerelles attractives entre science et éducation. Aussi c’est pour moi une grande satisfaction de contribuer avec Persévérance au magnifique et riche programme Plankton Planet.

Michel Mortier, directeur général de la Fondation CNRS : “L’étude et la conservation de la biodiversité constituent, tout comme l’océan, une des priorités de la Fondation CNRS. Aussi, nous sommes très heureux de pouvoir apporter notre soutien financier à l’ambitieux programme d’océanologie participative Plankton Planet et à la mission du navire Persévérance en Péninsule Antarctique.” 

Christophe Prazuck, directeur de l’Institut de l’Océan de l’Alliance Sorbonne Université : L’institut de l’Océan dirige la mission Bougainville déployée en océan Indien et dans le Pacifique ouest. En soutenant l’initiative de Catherine Chabaud, nous ajoutons l’océan austral à nos terrains d’investigation et d’innovation. C’est une grande chance qui ouvre de nouvelles voies. Bon vent, bonne mer. ”

Catherine Chabaud : “Je suis fière de soutenir ce programme de sciences participatives, qui illustre une mise en œuvre originale de la Mission Starfish du programme Horizon Europe et est une contribution de l’UE à la Décennie des sciences de l’océan pour le Développement durable”.

Colomban de Vargas : “C’est la première fois que nos instruments frugaux vont en Péninsule antarctique, et qui plus est sur un bateau extraordinaire qui explorera les eaux circum-polaires durant les décennies à venir. Un pas de plus vers la mesure continue et planétaire du microbiome marin par les ‘seatizens’, que nous rêvons d’avoir mis en œuvre d’ici à 2030.  

 

Contacts :

Parlement Européen : 

Catherine Chabaud – catherine.chabaud@europarl.europa.eu

Plankton Planet/CNRS : 

Colomban de Vargas – vargas@sb-roscoff.fr

Persévérance :

Elsa Etienne – epe@polarpod.fr

Fondation CNRS :

Barbara Ciaramella –  barbara.ciaramella@cnrs.fr

Institut de l’Océan de Sorbonne Université :

Christophe Prazuck – christophe.prazuck@sorbonne-universite.fr

Note:

1/ Plus d’informations : https://mission-bougainville.fr

Pour aller plus loin

Le projet d’Agroécologie dans la Zone Atelier Armorique

Google et la Fondation CNRS

Radio France reçoit Françoise Gaill

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