Un grand succès pour la troisième campagne du forage Beyond EPICA : la profondeur de 1836 m atteinte dans la calotte Antarctique

En Antarctique, la troisième campagne de forage du projet Beyond EPICA - Oldest Ice au Petit Dôme C a été un succès. L’objectif d’atteindre de la glace d’1.5 million d’années pour reconstruire les températures et les concentrations de gaz à effet de serre passées au travers de l’analyse d’une carotte extraite des profondeurs de la calotte, se rapproche chaque année.

 

 

 

Financé par la commission européenne à hauteur de 11 millions d’euros et avec des contributions financières importantes des nations, le projet a démarré en 2019 et doit durer 7 ans. Il est coordonné au niveau européen par Carlo Barbante, professeur à l’université de Venise et au niveau français par Frédéric Parrenin, directeur de recherche CNRS à l’Institut des Géosciences de l’Environnement (IGE, Grenoble). Dans le projet, il y a 12 centres de recherche provenant de 10 pays européens, et 2 agences logistiques (l’ENEA en Italie et l’Institut Polaire Français).

De mi-novembre 2023 à mi-janvier 2024, en presque 8 semaines de travail, l’équipe international a atteint la profondeur de 1863.18 mètres : à cette profondeur, la glace préserve des informations sur le climat et l’atmosphère d’il y a 195 000 ans.

Après quelques jours passés pour la réouverture du camp, l’équipe comprenant des scientifiques et techniciens européens de 6 nations réunis à Petit Dôme C, a organisé le travail en 2 tournées de 8h, soit au total 16h de forage par jour. « Le carottier a produit des longues carottes de glace de 4,5 m de long pour une longueur totale forée de 1000 m, atteignant la longueur finale de 1836,18 m » avance Olivier Alemany, ingénieur de recherche à l’IGE, responsable des opérations sur le terrain cette année. Le but du projet est d’atteindre la profondeur de 2750 m, épaisseur totale de la glace à Petit Dôme C, un endroit aux conditions extrêmes, situé à 34 km de la station franco-italienne Concordia, à 3233 m d’altitude.

« Cette saison a été productive au final : nous avons eu un début difficile, mais ensuite l’équipe a travaillé efficacement et a atteint ses objectifs en terme de profondeur forée. Le traitement de la carotte s’est aussi très bien passé : en deux mois, l’équipe a été capable de traiter les carottes forées l’an passée ainsi que celles forées cette année. » d’après Frédéric Parrenin.

Cette saison, des analyses préliminaires de la carotte ont été effectuées à la station Concordia : la détermination des compositions isotopiques en hydrogène et oxygène de la glace a été possible grâce à un spectromètre laser envoyé sur le terrain. « Ces analyses sur le terrain nous ont permis de synchroniser la carotte Beyond EPICA avec celle précédemment forée à EPICA. Les données obtenues sont importantes pour fournir une échelle d’âge préliminaire et pour avoir une estimation de la préservation du signal. » d’après Amaëlle Landais, directrice de recherche au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE, Saclay).

Bientôt, les boîtes contenant les carottes de glace de Beyond EPICA vont rejoindre le continent européen avec le brise glace Laura Bassi, équipé avec deux conteneurs réfrigérés à -50°C pour préserver les précieux échantillons dans les meilleures conditions possibles durant ce long voyage à travers le globe.

Une carotte de glace précieuse
L’histoire du climat et de l’environnement de notre planète est archivé dans la glace, qui peut ainsi révéler des informations sur des centaines de millénaires dans le passé sur l’évolution des températures ou sur la composition de l’atmosphère. Les scientifiques vont ainsi être capable d’estimer les concentrations en gaz à effet de serre, comme le dioxyde de carbone ou le méthane, dans les atmosphères passées.
« Nous croyons que cette carotte nous donnera des informations sur le climat passé et sur les gaz à effet de serre lors de la Transition du Mi-Pléistocène (TMP), qui s’est produite il y a environ 1 million d’années » conclut Frédéric Parrenin. « Durant cette transition, les cycles glaciaires ont changé leur périodicité, de 40000 ans à 100000 ans, et leur amplitude a également augmenté. La raison de ce changement est le mystère que l’on chercher à résoudre. »

L’équipe de la saison 2023/2024
Olivier Alemany (chef des opérations) et Philippe Possenti du CNRS, Rémi Dalmayr, Matthias Hüther (chef foreur), Gunther Lawer, Johannes Lemburg de l’Alfred Wegener Institut (AWI, Allemagne), Andrea Ceinini et Saverio Panichi (chef de camp) de l’ENEA (Italie), Inès Gay de l’IPEV, James Veale du British Antarctic Survey (BAS, UK), Federico Scoto du CNR (Italie), Fortunat Joos et Michaela Mühl de l’Université de Bern (Suisse), Tamara Gerber, Iben Koldtoft et Julien Westhoff (chef scientifique) de l’Université de Copenhague (Danemarque).

Le projet de recherche international Beyond EPICA Oldest Ice financé par la commission Européenne à hauteur de 11 millions d’euros dans lequel le CNRS et l’Institut Polaire sont parties prenantes, vise à obtenir l’évolution des températures, de la composition de l’atmosphère et le cycle du carbone, en remontant dans le tempes à 1.5 millions d’années au travers de l’analyse d’une carotte de glace extraite des profondeurs de la calotte Antarctique. En prenant la relève de la campagne de l’an passé, le complexe système de forage a travaillé nuits et jours, atteignant la profondeur de 1836,18 mètres à la fin de la saison 2023/2034. En parallèle de l’opération de forage, 1367 m de carotte ont été traités dans la nouvelle tranchée scientifique à Petit Dôme C et ils ont été envoyés à la station Mario Zucchelli pour rejoindre l’Europe.


Photos et vidéos
Pour en savoir plus sur Beyond EPICA – Oldest Ice

Contact scientifique local

 Frédéric Parrenin : coordinateur du partenaire CNRS, directeur de recherche CNRS à l’IGE / OSUG, frederic.parrenin univ-grenoble-alpes.fr, 06.27.86.27.82.

Ce communiqué de presse a initialement été publié par Beyond Epica.