Arctique : une chaire d'excellence canadienne attribuée à un chercheur du CNRS

Le gouvernement canadien vient d'attribuer une Chaire d'excellence en recherche en milieu arctique à l'Université Laval (Québec), et à Marcel Babin, directeur de recherche au CNRS, qui en sera le titulaire. Cette chaire est une nouvelle étape dans le partenariat développé depuis 2003 entre la France et le Canada, bientôt renforcé par la création d'une unité mixte de recherche internationale (UMI).

 

La chaire d'excellence en recherche du Canada

Le gouvernement canadien vient d'attribuer 19 chaires « en fonction des plus hautes normes d'excellence de la recherche » à des chercheurs étrangers « au terme d'un rigoureux processus d'évaluation par les pairs ». Ce programme de chaires d'excellence en recherche du Canada (CERC) représente un investissement de près de 150 millions d'euros.

Océanographe au Laboratoire d'Océanographie de Villefranche (CNRS/UPMC), Marcel Babin s'est vu attribuer la chaire sur la télédétection de la nouvelle frontière Arctique du Canada, à l'Université Laval (Québec). Une chaire importante : l'Arctique est devenu le point de mire d'une grande partie de la communauté mondiale des géosciences, les changements climatiques actuels y ayant un impact particulièrement prononcé sur l'environnement.

Les objectifs de ce chercheur spécialisé en optique marine et en télédétection sont de développer :
- l'observation pan-arctique des écosystèmes marins à l'aide de nouveaux outils de télédétection, pour le suivi du phytoplancton et des bactéries à la base de la chaîne alimentaire et le suivi des conditions environnementales qui affectent ces écosystèmes (température, lumière et sa propagation dans l'océan, rayonnement ultra-violet, concentration de glace de mer, vent ...),
- les technologies d'observation in situ en conditions extrêmes de l'Arctique (flotteurs-profileurs, sous-marins autonomes, planeurs sous-marins, capteurs optiques),
- les modèles couplés physique-biologie pour synthétiser la compréhension de ces écosystèmes, et anticiper les impacts des changements climatiques et de l'industrialisation,
- une base de données géoréférencées, destinée aux scientifiques et aux acteurs des secteurs publics et industriels.

Un inventaire de la biodiversité microbienne et des expériences visant à décrire les processus biologiques importants seront également menés.

Création d'une Unité mixte de recherche internationale

Marcel Babin est également le promoteur d'une Unité mixte de recherche internationale (UMI) entre l'Université Laval de Québec et le CNRS-INSU qu'il dirigera avec Jean Carignan ingénieur de recherche au CNRS, et Louis Fortier, professeur de l'Université Laval et acteur de premier plan dans la recherche arctique mondiale. Le programme de recherche de cette UMI comportera plusieurs volets :
- Le volet océan poursuivra et pérennisera les activités du projet France-Canada-USA « Malina » en accentuant la caractérisation physiologique des espèces phytoplanctoniques les plus typiques de l'Océan Arctique, l'observation continue de l'océan (autonome in situ et par télédétection) et la modélisation. Guillaume Massé, Chargé de Recherche au Laboratoire d'Océanographie et du Climat à Paris et titulaire d'une bourse du Conseil Européen de la Recherche, utilisera des approches de paléocéanographie pour confronter le passé au présent.
- Le volet terrestre s'attaquera aux impacts des changements climatiques et des nouvelles activités humaines sur la dynamique du permafrost et sur les flux de métaux dans l'environnement (écosystèmes et géosystèmes).
- Le développement d'un observatoire de la mine pour la surveillance des écosystèmes fragiles du nord et une exploitation durable des mines.

Les travaux de l'UMI bénéficieront de l'infrastructure de recherche arctique gérée par l'Université Laval, y compris le brise-glace de recherche NGCC Amundsen (www.amundsen.ulaval.ca), le réseau de stations de recherche du Centre d'Etudes Nordiques (www.cen.ulaval.ca), et les équipements du groupe Québec-Océan (www.quebec-ocean.ulaval.ca). De plus, l'UMI accèdera au Réseau de Centres d'Excellence ArcticNet (www.arcticnet.ulaval.ca) dont le siège est localisé à l'Université Laval, et aux nombreuses autres infrastructures de recherche arctique du Canada.

Cette UMI viendra concrétiser l'accord de coopération scientifique en milieu nordique signé entre le CNRS-INSU et l'Université Laval en mai 2009. Elle servira de tête de pont au Canada et en Arctique pour la communauté scientifique française. Les projets de recherche développés mettront en réseau plusieurs équipes françaises et, de ce fait, l'UMI jouera un rôle d'animation scientifique.