Des coraux de 199 millions d'années pour prédire l'avenir des récifs

Océan Atmosphère

Une équipe internationale décrit un récif corallien survivant de la crise biologique de la fin du Trias et nous renseigne sur les conséquences dramatiques d'un accroissement brutal des gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines commencent à induire des modifications climatique et à acidifier les océans, ce qui fait peser une menace sur les récifs coralliens. L'étude par une équipe germano-franco-polonaise d'un récif fossile de la région d'Aubenas en Ardèche, propose un analogue saisissant.

Il y a 200 millions d'années, une intense activité volcanique libère d'importantes quantités de CO2 et de SO2 dans l'atmosphère, induisant un réchauffement climatique et une acidification des océans. La crise biologique qui en découle voit diviser par 100 le volume de récifs à la surface du globe et avec les récifs c'est une grande part de la biodiversité marine littorale qui disparaît. Il faut attendre 40 millions d'années pour retrouver une diversité biologique et un développement des récifs équivalent à ceux du Trias.

Les récifs coralliens de l'Ardèche sont les seuls connus dans le mode pour les 10 millions d'années qui suivent la crise biologique. Ils sont relativement petits avec 20 mètres d'épaisseur maximale et 200 d'extension latérale. La diversité des coraux y est faible avec 6 espèces, appartenant à 4 genres, et la construction des récifs n'est assurée que par quelques formes branchues emballées dans une matrice calcaire d'origine microbienne. Autant d'indices de récifs en mauvaise santé.

Trois des quatre genres sont des survivants du Trias, mais tous disparaitront avant la fin du Jurassique inférieur. Pourquoi ont-ils survécu ici ? Wolfgang Kiessling et ses collègues pensent que les côtes du Massif Central correspondaient à un milieu plus profond et plus au nord que la bande tropical où s'épanouissent normalement les coraux. Sous l'effet du réchauffement et de l'acidification des océans les récifs n'ont perdurés qu'au dessus de 30 degrés de latitude Nord, entre 20 et 50 mètres d'eaux, une profondeur limite pour leur développement.

Si le même scénario qu'il y a 200 millions d'années était réalisé, alors les conséquences sur les écosystèmes récifaux, la biodiversité et les activités économiques qui y sont liées, seraient dramatiques et à très long termes.

Sources

 

Kiessling W., Roniewicz E., Villier L., Léonide P., Struck U. 2009.
An early Hettangian coral reef in southern France: implication for the end-Triassic reef crisis.
Palaios, 24 :657-671. doi: 10.2110/palo.2009.p09-030r (date de publication le 01/10/2009)