Un important glacier du Groenland montre des signes dramatiques d'affaiblissement

Résultat scientifique Océan Atmosphère

Une équipe de recherche comprenant des scientifiques du CNRS-INSU (voir encadré) a détecté un recul spectaculaire d'un important glacier du nord du Groenland, longtemps considéré comme stable. Le glacier Petermann est l'un des plus grands du Groenland. Il est l'un des seuls de l'Arctique à posséder une extension flottante, appelée plateforme de glace, de plus de 60 km de long. Celles-ci sont des éléments essentiels car elles stabilisent la glace qui ne flotte pas. Mesurer les changements affectant ces plateformes est donc crucial car leur disparition peut entraîner une augmentation du déversement d'icebergs dans l'océan et donc une augmentation du niveau de la mer.

À l'aide de plusieurs centaines de données d'imagerie satellitaire1 2 , les scientifiques ont pu mesurer les changements qui ont affecté la plateforme glaciaire de Petermann au cours des 30 dernières. Grâce à des méthodes interférométriques de pointe, la position de la ligne d'échouage du glacier (2) a été mesurée très précisément, une donnée très utile qui est, entre autres, un très bon indicateur de la vulnérabilité du glacier au changement climatique.

Si le glacier est resté relativement stable depuis les années 1990, les scientifiques ont récemment observé une série d’événements qui montrent tous les signes d’une déstabilisation de ce secteur du Groenland. Entre 2014 et 2015, le flux du glacier a commencé à s'accélérer de manière significative. Après cet événement, deux grandes fissures se sont ouvertes, ce qui a divisé la plateforme de glace en trois parties différentes. Depuis 2017, le glacier est à nouveau actif et sa ligne d'échouage a reculé de 5km ! Ce retrait spectaculaire dépasse de loin la variabilité naturelle observée pour le glacier. L’équipe suggère fortement que les événements dramatiques qui se produisent actuellement sont les conséquences d'un affaiblissement à long terme de la plateforme de Petermann, dû en partie au réchauffement des eaux océaniques. Après la rupture meurtrière du glacier Marmolada dans les Alpes et au Tadjikistan, les effondrements rapides de glaciers s'accumulent sous toutes les latitudes, comme des signes toujours plus criant des changements qui affectent notre planète.

  • 1Les données proviennent de l'Agence spatiale européenne (ESA), de la National Aeronautics and Space Administration (NASA) et de l'Agence spatiale italienne (ASI).
  • 2La ligne d'échouage est la limite où le glacier commence à flotter pour devenir une plateforme de glace.

Laboratoires impliqués

Institut des géosciences de l’environnement (IGE – OSUG)

Tutelles :  CNRS / UGA / Grenoble INP

 

Collaborateurs à l’international :

Université de Copenhague, Danemark

Université de Californie, Irvine, Etats-Unis

Université de Houston, Texas, Etats-Unis

Vue schématique des processus observés sur la partie flottante du glacier Petermann, au nord du Groenland.© R. Millan.

Pour en savoir plus

Millan, R., Mouginot, J., Derkacheva, A., Rignot, E., Milillo, P., Ciraci, E., Dini, L., and Bjørk, A. : Ongoing grounding line retreat and fracturing initiated at the Petermann Glacier ice shelf, Greenland, after 2016, The Cryosphere, 16, 3021-3031.

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