Trous noirs ou galaxies : qu'est-ce qui est arrivé en premier ?

Résultat scientifique Univers

Les trous noirs n’existent pas seulement depuis la nuit des temps, ils ont aussi donné naissance à de nouvelles étoiles et à une formation suralimentée de galaxies, suggère une nouvelle analyse des données du télescope spatial James Webb. Cette découverte, portée par un chercheur du CNRS Terre & Univers, bouleverse les théories sur la manière dont les trous noirs façonnent le cosmos et la compréhension de la formation des galaxies.

Les résultats remettent en question la compréhension classique selon laquelle les trous noirs se sont formés après l’émergence des premières étoiles et galaxies. Au lieu de cela, ils pourraient avoir considérablement accéléré la naissance de nouvelles étoiles au cours des 50 premiers millions d’années de l’univers, une période éphémère de son histoire de 13,8 milliards d’années. Les trous noirs auraient ainsi tout stimulé, comme de gigantesques amplificateurs de formation d’étoiles.

Observées via le télescope Webb, les galaxies lointaines du tout premier univers semblent bien plus brillantes que ce que les scientifiques prévoyaient, et révèlent un nombre inhabituellement élevé de jeunes étoiles et de trous noirs supermassifs. Les trous noirs et galaxies ont coexisté et se sont influencés mutuellement au cours des 100 premiers millions d’années. Si toute l'histoire de l'univers était un calendrier de 12 mois, ces années représenteraient les premiers jours de janvier. Les sorties des vents et les jets des trous noirs ont écrasé les nuages de gaz à proximité, les transformant en étoiles et accélérant considérablement le taux de formation de ces dernières. Ce chaînon manquant explique pourquoi ces premières galaxies observées sont plus brillantes que prévu.

transition des taux de formation d'étoiles et de croissance des trous noirs à mesure que le redshift diminue
La transition des taux de formation d'étoiles et de croissance des trous noirs à mesure que le redshift diminue, depuis les régimes où la rétroaction positive domine jusqu'à une époque ultérieure où la rétroaction est largement négative.© Astrophysical Journal Letters

Laboratoire CNRS Terre & Univers impliqué

  • Institut d'astrophysique de Paris (IAP)

Tutelles : CNRS / Sorbonne Université

Pour en savoir plus

Joseph Silk et al. 2024 ApJL 961 L39. https://doi.org/10.3847/2041-8213/ad1bf0

Contact

Patrick Peter
Directeur de recherches à l'IAP
Jean Mouette
Ingénieur des métiers de l’image et du son
Joseph Silk
Chercheur à l'IAP