Rôle majeur des végétaux marins dans un océan Arctique en mutation

Résultat scientifique Océan Atmosphère

La production primaire végétale est à la base du fonctionnement de tous les écosystèmes marins. Le phytoplancton et les algues de glace de mer (vivant à l’interface entre la glace et l’océan) sont traditionnellement considérés comme les principaux producteurs primaires de l’océan Arctique, mais la contribution des végétaux benthiques est encore méconnue.

Forêt de macroalgues
Forêt de macroalgues, Nunavut, Nord Canada. © Ignacio Garrido

Une équipe de chercheurs du CNRS Terre & Univers a quantifié pour la première fois les producteurs primaires benthiques (PPB) : microalgues, macroalgues et herbiers marins de l’océan Arctique. Pour ce faire, la quantité de lumière atteignant les fonds marins côtiers arctiques a été calculée à partir de données satellitaires afin d’estimer l’étendue des habitats des PPB. Les résultats démontrent que ces PPB sont répandus et peuvent coloniser environ 3 millions de km², soit la moitié de la superficie de l’océan Arctique. Leur production primaire annuelle est estimée à 100 millions de tonnes de carbone, une quantité non négligeable puisqu'elle représente 26 à 45 % de la production du phytoplancton. Elle se répartit très approximativement comme suit : 45 % pour les macroalgues, 45 % pour les herbiers, le reste pour les microalgues.

Herbier de phanérogame (Zostera marina)
Herbier de phanérogame (Zostera marina), Nuuk, sud-ouest Groenland. © Peter Bondo Christensen

Depuis 2003, la superficie des fonds marins de l’Arctique recevant de la lumière s'étend d’environ 47 000 km2 par an, élargissant ainsi la surface potentiellement habitable par les PPB dans un Arctique en mutation. En raison de la perte régulière de la glace de mer et de la hausse de la température de l’eau, une augmentation de l’abondance et de la productivité des macroalgues et des herbiers est attendue le long des côtes de l’Arctique.

Malgré la complexité des impacts du changement climatique sur la disponibilité de la lumière et sur la production primaire marine dans un Arctique qui se réchauffe, la présence généralisée des végétaux benthiques et leur contribution significative au fonctionnement des écosystèmes côtiers arctiques rendent leur prise en compte indispensable dans les bilans de carbone de la région.

microphytobenthos sur du sédiment
Microphytobenthos sur du sédiment, Young Sound, nord-est Groenland. © Amalia Al-Habahbeh

Laboratoires CNRS Terre & Univers impliqué

  • Laboratoire d'océanographie de Villefranche (LOV)

Tutelles : CNRS / Sorbonne Université

  • Takuvik International Research Laboratory (TAKUVIK)

Tutelles : CNRS / Université Laval

Contact

Jean-Pierre Gattuso
Chercheur CNRS au LOV – IMEV
Mathieu Ardyna
Chercheur CNRS au Laboratoire International de Recherche Takuvik (Canada)