Un autoportrait du rover Curiosity de la NASA pris sur le Sol 2082 (15 juin 2018) de la planete Mars. Une tempete de poussiere martienne a reduit la lumiere du soleil et la visibilite sur le site du rover dans le cratere Gale.
Un autoportrait du rover Curiosity de la NASA pris sur le Sol 2082 (15 juin 2018) de la planete Mars. Une tempete de poussiere martienne a reduit la lumiere du soleil et la visibilite sur le site du rover dans le cratere Gale.© NASA/JPL Caltech/MSSS, 2018

Le futur de l’exploration martienne

Explorations

Nous vivons une époque formidable ! Depuis la fin des années 90, pas moins de 13 véhicules robotisés (7 orbiteurs, 2 landers fixes, 4 rovers mobiles) ont exploré Mars, auxquels on peut ajouter 3 véhicules en route. Les découvertes s'accumulent ! Même si ces projets n’ont pas été toujours coordonnés, quelques directions scientifiques se dégagent très clairement a posteriori, suivant une difficulté croissante : la recherche d’eau liquide, la caractérisation de l’habitabilité passée, la recherche de traces de vie. Les deux premières étapes sont acquises : on sait qu’il y eut de l’eau liquide il y a plus de 3,5 milliards d’années, et que la planète avait localement les conditions physico-chimiques qui la rendaient habitable. La recherche de traces de vie est en cours. Au-delà des missions en cours ou en développement, quel avenir pour l’exploration de Mars ?

Première option, on continue de la même manière, chaque mission apportant son lot de découvertes … et de nouvelles questions. Explorer des grottes ? Utiliser des drones lourds, des forages profonds ? On peut tout imaginer.  Mais soyons réalistes, au vu des coûts engagés, il devient de plus en plus difficile de motiver nos politiques et le public.

Deuxième option, on rapporte des échantillons martiens sur Terre, à l’instar de ce qui a été fait sur la Lune. C’est le Graal du planétologue ! Nous y sommes en fait, avec le rover Perseverance de la NASA, qui se posera dans le cratère Jezero en février 2021, sélectionnera et préparera des échantillons qui seront rapportés sur Terre avec le concours de l’ESA, en 2031. Si les défis technologiques sont nombreux, en particulier le décollage d’une fusée depuis la surface de Mars, l’échec n’est pas une option ! Les scientifiques du monde entier attendent avec impatience le retour de ces trésors, pour pouvoir les analyser avec des instruments mille fois plus performants que ceux que nous aurions pu embarquer. Ces échantillons devraient nous dire si la vie s’est un jour développée sur Mars. L’avenir de l’exploration martienne dépend alors de la réponse ! Soit c’est non :  c’est un résultat en soi, même si ce n’est pas notre préféré. Soit ils ne savent que conclure… cela revient à peu près au même que dans le premier cas : on peut toujours espérer chercher ailleurs, ou plus profond …  à condition que nos décideurs soient d’accord. Soit enfin, ils trouvent des traces de vie ! C’est alors toute notre vision de l’Univers qui changera : la vie est potentiellement partout ! Et on pourra envisager de nouvelles missions.

Dernière option, on envoie des Humains sur Mars. Le public en rêve, sans forcément connaître les verrous technologiques colossaux à débloquer. Les agences spatiales ne sont pas contre, à condition de repasser par la Lune d’abord. Le succès du retour d’échantillons est sans doute un préalable indispensable.

Une chose est certaine : pas plus qu’au moment des missions Apollo, la science ne sera pas le moteur de ce nouvel élan vers Mars, où il sera davantage question d’innovation et de prestige national. Mais la communauté scientifique ne manquera pas d’exploiter cette opportunité. Pour que la dynamique se poursuive, l’exploration scientifique doit être innovante, excitante. Les trois options présentées seront vraisemblablement conduites en parallèle, mais seule l’option « exploration humaine » permet de nous projeter au-delà de 2030. C’est peut-être là le nouveau paradigme de la discipline : soutenir le programme humain pour que la science de Mars perdure.

Auteur

Sylvestre Maurice, IRAP (CNRS, Univ. Toulouse, CNES)

Un autoportrait du rover Curiosity de la NASA pris sur le Sol 2082 (15 juin 2018) de la planete Mars. Une tempete de poussiere martienne a reduit la lumiere du soleil et la visibilite sur le site du rover dans le cratere Gale.
Un autoportrait du rover Curiosity de la NASA pris sur le Sol 2082 (15 juin 2018) de la planete Mars. Une tempete de poussiere martienne a reduit la lumiere du soleil et la visibilite sur le site du rover dans le cratere Gale.© NASA/JPL Caltech/MSSS, 2018