Faune de mammifères actuels au Parc National de Tsavo, Kenya © Thure Cerling

Le calcium isotopique, révélateur du régime alimentaire d'humains préhistoriques

Résultat scientifique Terre Solide

Des chercheurs apportent un éclairage nouveau sur l’alimentation des ancêtres de la lignée humaine via la mesure de la composition isotopique du calcium de l’émail des dents de différentes espèces d’homininés fossiles. L’étude, focalisée sur divers assemblages fossiles datant du Plio-Pleistocène du bassin du Turkana au Kenya, permet de confronter les résultats isotopiques du calcium avec ceux des isotopes du carbone, obtenus sur les mêmes spécimens. Un des résultats majeurs est la distribution unique des valeurs isotopiques concernant Paranthropus boisei, ravivant le débat autour de l’écologie et des adaptations particulières de cet australopithèque robuste. Cet animal unique en son genre n’a pas d’équivalent actuel : il possède une mandibule épaisse associée à des zones d’insertion musculaires massives ainsi que des dents à émail épais fortement usées. Ces caractéristiques ont été interprétées soit comme témoignant d’une aptitude à broyer de la nourriture dure telle que des noix (d’où le surnom de « nutcracker man »), soit à mastiquer longuement des plantes tendres mais abrasives. Cette étude basée sur les isotopes non-traditionnels du calcium ouvre de nouvelles perspectives qui permettront de mieux comprendre les relations trophiques entre organismes éteints, de reconstruire les préférences alimentaires de nos ancêtres et de tenter de comprendre si la disponibilité en ressources a joué un rôle durant l’histoire évolutive de la lignée humaine.

L’analyse de la composition isotopique des dents de différentes espèces de cet écosystème a servi de comparatif pour interpréter la distribution des valeurs isotopiques des assemblages fossiles, incluant les homininés de cette étude © Thure Cerling

En savoir plus

Calcium isotopic ecology of Turkana Basin hominins – Nature Communications volume 11, article number 3587

Jeremy E. Martin, Théo Tacail, José Braga, Thure Cerling et Vincent Balter

https://doi.org/10.1038/s41467-020-17427-7

Contact

Jeremy Martin
Chercheur CNRS au laboratoire de géologie de Lyon (LGL-TPE) / OSUL