Laurent Jocou reçoit le cristal 2010 du CNRS
Derrière les télescopes. C’est là que travaille Laurent Jocou1, au laboratoire d’astrophysique de Grenoble.
Travailler dans l’aéronavale, c’était pourtant ce que le jeune Laurent aurait voulu faire. Mais faute de capacités sportives suffisantes, il tourne le dos à cette carrière et se plonge dans l’instrumentation spatiale. Après un bac en micromécanique, l’étudiant choisit de suivre un BTS en optique instrumentale au lycée Fresnel, à Paris. « La visite du lycée m’avait enthousiasmé et je ne voulais pas stagner en restant dans le domaine de la micromécanique. »
À la fin de ses études, Laurent travaille successivement dans deux entreprises privées : Laser Service, où le jeune homme s’occupe de la maintenance pour des systèmes opto-mécaniques, puis Alcatel Alsthom Recherche, où il participe au montage de lasers semi-conducteurs avec fibres optiques. Un travail intéressant, mais Laurent reconnaît ne pas avoir beaucoup apprécié la hiérarchie trop présente dans ce milieu.
Puis il entre au CNRS, d’abord sous contrat, ensuite en tant qu’assistant ingénieur : il est alors responsable à l’Observatoire de Meudon du système « fibres optiques » du spectrographe FLAMES/GIRAFFE, dédié au Very Large Telescope (VLT), de l’Observatoire européen austral (ESO), au Chili. Pendant son service militaire, il profite de ses jours de congés pour venir travailler à Meudon !
Il contribue à la mise au point d'une technique innovante d'optique adaptative pour l'assemblage de micro-miroirs magnétiques
Après ce long projet de presque dix ans, Laurent se sent « un peu usé ». En 2002, il rejoint son laboratoire actuel, à Grenoble. C’est alors qu’il contribue à la mise au point d’une technique innovante d’optique adaptative pour l’assemblage de micro-miroirs magnétiques : une technologie protégée par un brevet et qui donne lieu à la création d’une start-up devenue entreprise indépendante, ALPAO. Il en est toujours le conseiller scientifique.
Mais peu à peu, Laurent se tourne vers l’interférométrie : il en fait même son sujet de mémoire. Son sujet de mémoire ? Oui, car pendant dix ans, il a suivi les cours du soir au Conservatoire national des arts et métiers pour obtenir le diplôme d’ingénieur. Un travail de longue haleine, qu’il a « commencé célibataire et fini marié avec trois enfants ! ». Une période pendant laquelle le soutien de sa femme et celui de son labo l’ont aidé à persévérer ! Il œuvre ainsi à la réalisation d’un banc de tests spécifique pour les composants d’optique intégrée, c’est-à-dire des guides optiques en silice déposés sur un substrat de silicium. Les systèmes interférométriques ainsi miniaturisés devraient équiper GRAVITY, à l’ESO, dont l’objectif sera d’étudier le voisinage du trou noir du centre de la galaxie.
En attendant, notre lauréat trouve parfois le temps d’aller jouer de la guitare avec le groupe de country de son père quand il se produit en concert : réservez vos billets !