Les nuages sont-ils un réservoir de pesticides ?

La contamination par les pesticides constitue une préoccupation croissante pour l’environnement et la santé humaine. Dans ce travail, 446 composés, pesticides, biocides, et leurs produits de transformation, ont été recherchés dans six échantillons d’eau de nuage collectés au puy de Dôme en fin d’été et au printemps. 

Des concentrations variables ont été mesurées dans tous les échantillons, pour un total de trente-deux (32) composés détectés, appartenant aux familles des fongicides (3), insecticides (7), herbicides (9), additifs (3), biocides (1) et produits de transformation (8). Deux échantillons présentent une concentration totale de pesticides supérieure à 0,5 μg L^-1, soit la limite fixée pour l’eau potable définie par la Directive européenne 2020/2184.

Un transport sur longue distance confirmé

Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, aucune corrélation claire n’a été observée entre la contribution relative des famille de pesticides (fongicides, herbicides, insecticides ou biocides) et la période d’échantillonnage, donc avec les périodes d’application. Cela suggère un transport sur de longues distances et la stabilité de certains composés. La détection de pesticides non autorisés en France appuie également l’hypothèse d’un transport depuis des pays où ils sont encore utilisés, comme cela a déjà été montré pour des échantillons de pluie et aérosols. Par ailleurs, la présence de produits de transformations témoigne l’efficacité des processus de réactivité atmosphérique pour certaines molécules.

Des concentrations préoccupantes pour l’environnement et la santé

En supposant que les concentrations mesurées dans les nuages collectés au puy de Dôme soient représentatives des nuages de basse et moyenne altitude, la quantité totale de pesticides présents dans les nuages au-dessus la France a été estimée. Les valeurs obtenues, comprises 6,4±3,2 à 139±75 tonnes, suggèrent que la charge en pesticides de la phase aqueuse des nuages est élevée et que ces composés pourraient affecter des zones éloignées des sources agricoles directes. 

La mise en évidence de pesticides dans les nuages souligne la nécessité d’intégrer davantage la dimension atmosphérique dans les politiques de gestion et de régulation. Elle ouvre également la voie à de futures recherches visant à mieux comprendre leur devenir dans l’atmosphère ainsi que leurs impacts potentiels sur la santé et les écosystèmes.