Claudie Marec reçoit le cristal 2008 du CNRS

Prix et distinction

« J’ai du sel dans les veines ! » dit-elle en riant.

Bretonne, issue d’une famille de pêcheurs, Claudie Marec1 a vite trouvé sa voie. Toute petite, visitant avec ses parents la station biologique de Roscoff et voyant la plaque du CNRS, elle se promet d’entrer un jour dans cette grande maison.

Pari tenu. En 1984, à 23 ans, après des études d’anglais et de génie électrique et automatismes, déjà maman d’une petite fille, elle est recrutée au PirOcéan par Roger Chesselet, grand spécialiste de l’océan, qui d’emblée lui fait confiance et la charge de seconder un ingénieur pour monter un parc d’équipements scientifiques au service de la communauté océanographe. Le départ de cet ingénieur la conduit à prendre elle-même la responsabilité de ce qui va devenir le Parc national d’instrumentation océanographique.

Comprenant des équipements de base en océanographie pour l’hydrologie, la courantométrie, les mouillages ou encore les collectes de particules, ce Parc est à la disposition des chercheurs pour leurs campagnes océanographiques, nationales ou internationales. Entretien, maintenance, suivi de calibration, optimisation des appareils, conseil et formation des utilisateurs mais aussi veille technologique, tel est le quotidien de Claudie Marec, secondée par trois assistants ingénieurs.

Elle assure la préparation des campagnes avec les différents chefs de mission, définissant avec eux l’instrument le mieux adapté à leur recherche, qu’il s’agisse de mesures de physique, de biologie ou de biogéochimie. Elle a ainsi joué un rôle déterminant dans la préparation technique du projet national Pomme (1997-2003), sous la tutelle de l’Insu et de l’Ifremer. L’année 2004 a été marquée par une forte pression avec la préparation de trois campagnes hauturières «lourdes» (Dynaproc, Biosope2 et Keops), en 2006 ce fut la campagne Drake et, en 2007, rançon du succès, onze campagnes hauturières et quinze côtières font appel au Parc.

Un rôle déterminant dans la préparation des campagnes océanographiques.

Son travail prend tout son sens lorsqu’elle participe à la campagne qu’elle a préparée. Elle passe environ deux mois par an en mer et c’est l’heure de vérité. «Je n’ai pas droit à l’erreur, une fois loin des côtes, l’équipement doit être parfait ! »

Ces missions l’ont amenée à naviguer dans toutes les mers du globe et lui ont permis de réaliser ses deux rêves : aller en Antarctique (à bord du brise-glace Polarstern) et faire une plongée en Nautile.

Les missions les plus marquantes ? Chico, en 2003 sur un navire côtier vénézuélien, ou Biosope, fin 2004, qui les conduit sous la houlette d’Hervé Claustre3 dans les eaux indigo – effet de l’oligotrophie – de l’île de Pâques, une zone encore inexplorée, repérée par imagerie satellite, si pauvre en activité biologique que la pureté optique y est exceptionnelle. « À bord de l’Atalante, l’ambiance était magique, on aurait dit des chercheurs d’or ! »

Après la campagne Boum4 de l’été 2008, qui devait étudier au sud de Chypre le rôle des systèmes oligotrophes dans le transport du carbone et l’évolution de ces écosystèmes, un seul programme : se détendre avec ses trois enfants en faisant... de l’escalade et du parapente car la montagne est « sa seconde passion ».

Notes

 

  1. Division technique de l'INSU : CNRS
  2. Biogeochemistry and Optics South Pacific Experiment.
  3. Médaille d’argent 2005.
  4. Biogéochimie de l’oligotrophie à l’ultra-oligotrophie méditerranéenne.