Découverte d'une période glaciaire chaude modifiant la cyclicité climatique de la Terre

Résultat scientifique Océan Atmosphère

Les scientifiques se sont pendant longtemps demandés de quelle façon le climat de notre planète avait basculé il y a 700 000 ans de cycles climatiques longs de 40 000 ans aux cycles climatiques actuels, d’une durée de 100 000 ans1 . Le passage d'un cycle à l'autre s'est produit à la fin d'une période appelée la Transition du Pléistocène Moyen (TPM), datée entre 800 et 670 000 d’années. Cet intervalle est composé de deux périodes interglaciaires entrecoupées par une période glaciaire. Les mécanismes expliquant ce changement clé de cyclicité restent largement méconnus car ils ne peuvent être attribués aux variations des paramètres orbitaux régissant le climat de la Terre. Une nouvelle étude, impliquant des scientifiques du CNRS-INSU (voir encadré) identifie une période glaciaire « chaude » qui aurait permis l’accumulation des glaces nécessaire à cette importante transition de cycles climatiques.  

Cette étude combine de nouveaux enregistrements climatiques de la marge sud-ouest de la péninsule ibérique avec des enregistrements de loess2  du plateau chinois et des simulations de modèles. L'étude identifie une tendance similaire au réchauffement et à l'humidification à long terme dans les deux régions subtropicales entre 800 et 670 000 d’années. Elle révèle que les températures de surface de la mer dans les océans Atlantique Nord et Pacifique Nord tropical étaient paradoxalement plus chaudes pendant la période glaciaire que pendant la période interglaciaire précédente, ce qui a entraîné une augmentation de la production d'humidité et des précipitations, une plus forte expansion de la forêt méditerranéenne occidentale et un renforcement de la mousson d'été en Asie de l'Est. Cette configuration climatique a entraîné un apport d'humidité océanique des deux océans vers les latitudes plus élevées, ce qui a alimenté les calottes glaciaires et contribué de manière déterminante à l'expansion des calottes glaciaires eurasienne et nord-américaine. Cette expansion était nécessaire pour déclencher le passage des cycles de 40 000 ans aux cycles de 100 000 ans que nous connaissons aujourd'hui, et donc déterminant pour l'évolution du climat de la Terre. 

  • 1Au cours des 700 000 dernières années, notre planète a été soumise à une alternance de périodes glaciaires et interglaciaires marquées s'étendant sur environ 100 000 ans. Les glaciations sont caractérisées par le développement de grandes calottes glaciaires dans l'hémisphère nord. Avant, il y a plus de 700 000 ans, le climat de la Terre était régi par des cycles de 40 000 ans avec des glaciations plus courtes et plus faibles.
  • 2Une roche sédimentaire.
© Cf Référence

Légende

Augmentation à long terme de la forêt, des précipitations en région méditerranéenne et de la mousson d’été est asiatique associée à la production et migration vers le nord de la source d’humidité atlantique. Le climat du glaciaire est plus chaud et humide que l’interglaciaire précédent.

Laboratoire CNRS impliqué

Laboratoire Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux (EPOC - OASU)

Tutelles : CNRS / Université de Bordeaux / Institut polytechnique de Bordeaux / EPHE

Pour en savoir plus

María Fernanda Sánchez Goñi, Thomas Extier, Josué M. Polanco-Martínez, Coralie Zorzi, Teresa Rodrigues & André Bahr, Moist and warm conditions in Eurasia during the last glacial of the Middle Pleistocene TransitionNature Communications volume 14, (2023). 

Contact

María Fernanda Sánchez Goñi
Chercheuse au laboratoire Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux (EPOC)