Dinosaure Maiasaura : la pratique de soins parentaux confirmée par l‘analyse micro-anatomique d'os fossilisés
Une nouvelle étude, publiée dans la revue Scientific Reports, menée sur des fossiles de l'hadrosaure Maiasaura – un dinosaure herbivore découverte dans le Montana – confirme l'hypothèse que les nouveux-nés étaient nidicoles, c'est à dire qu'il restaient au nid au cours des premiers mois et dépendaient de leurs parents pour leur protection et leur alimentation. Ce travail permet de mieux comprendre le mode de développement, le comportement parental et l'organisation sociale d'une espèce de dinosaure, apportant ainsi des éléments clés sur l’évolution des stratégies de reproduction chez les vertébrés.
Maiasaura, dont le nom signifie "bonne mère", est un dinosaure appartenant à la famille des hadrosauridés, un groupe de grands herbivores quadrupèdes ayant vécu à la fin du Crétacé. À l’éclosion, ses petits étaient plus petits qu’un chat, mais ils pouvaient atteindre plus de trois tonnes à l’âge adulte, en seulement six ans.
La découverte, sur un même site fossilifère, de restes de Maiasaura appartenant à des individus d’âges variés — y compris des nouveau-nés — a conduit à l’hypothèse que ce dinosaure était nidicole. Cette hypothèse, formulée dès les années 1970 par le paléontologue Jack Horner à partir de l’organisation des nids fossilisés, reste toutefois discutée, en l’absence de preuves directes suffisantes.
La micro-anatomie, une méthode très novatrice
Une équipe de paléontologues a mis au point une méthode innovante fondée sur l’analyse des empreintes de vaisseaux sanguins visibles dans les os longs fossilisés, afin d’évaluer les capacités énergétiques des nouveau-nés. Grâce à cette approche, ils ont montré que les capacités énergétiques des jeunes Maiasaura étaient très limitées, suggérant qu’ils avaient besoin de soins parentaux pour se nourrir et se protéger durant les premiers mois de leur vie.
Pour valider leur méthode, les scientifiques ont examiné au microscope des coupes d’os de nouveau-nés issus de 16 espèces actuelles de reptiles et de mammifères. Ils ont ainsi établi un lien entre la taille et l’abondance des canaux osseux contenant les vaisseaux sanguins, et le métabolisme énergétique de ces jeunes animaux.
Meilleure compréhension du mode de développement chez les vertébrés
Les résultats montrent que les os de jeunes Maiasaura présentent de fortes similitudes avec ceux d’espèces nidicoles modernes, comme certains oisillons qui ne peuvent ni fuir ni se nourrir seuls et dépendent entièrement de leurs parents. Les scientifiques en concluent que les petits Maiasaura nécessitaient probablement des soins parentaux pour survivre après l’éclosion.
Cette découverte renforce l’hypothèse de comportements parentaux chez les hadrosauridés. La méthode développée pourrait désormais être appliquée à d’autres dinosaures, comme Hypacrosaurus, un autre hadrosaure retrouvé en groupes d’individus du même âge, suggérant au contraire une certaine autonomie dès la naissance.
Laboratoires impliqués
Ce projet de recherche est issu d’une collaboration franco-américaine financée par le programme INSU INTERRVIE, impliquant des laboratoires du CNRS Terre & Univers et du CNRS Ecologie & Environnement :
Laboratoire de Géologie de Lyon : Terre, Planètes, Environnement (LGL-TPE - OSUL)
Tutelles : CNRS / ENS Lyon / Univ. Claude Bernard / UJM Saint-Etienne- Centre de Recherche en Paléontologie - Paris (CR2P)
Tutelles : CNRS / MNHN / Sorbonne Université
Ainsi que l’Université d’État de l’Oklahoma et le Musée des Rocheuses (Montana, États-Unis).
Pour en savoir plus
Bert, H., Woodward, H., Rinder, N. et al. Neonatal state and degree of necessity for parental care in Maiasaura based on inferred neonatal metabolic rates. Sci Rep 15, 24827 (2025).