Estimation du risque global du changement climatique anthropique

Résultat scientifique

Le rapport du Giec publié cet été montre que la température globale de surface se rapproche rapidement de l’objectif de l’accord de Paris d’un réchauffement limité à 1,5°C par rapport à la période pré-industrielle. Cet article fait une synthèse des trois rapports spéciaux du Giec publiés en 2018 (sur un réchauffement de 1.5°C) et 2019 (sur les terres, et sur l’océan et la cryosphère) afin de fournir une évaluation du risque climatique global, défini comme l’aggravation des risques climatiques qui pèsent sur les systèmes terrestres et océaniques, tant les écosystèmes que les sociétés, à toutes les latitudes et niveaux de développement. Les auteurs montrent que le risque climatique global d’ici à la fin du siècle va être multiplié par un facteur deux à quatre selon que les émissions de gaz à effet de serre (GES) seront intenses ou réduites. Ils montrent également qu’un demi-degré de réchauffement supplémentaire conduirait à une augmentation du risque global d’environ 30 %. Enfin, d’intenses efforts d’adaptation permettraient de réduire de moitié le niveau de risque d’ici la fin du siècle quelque que soit le scénario d’émission de GES, mais ils ne permettront pas d’éradiquer complètement les risques climatiques. Dans le cas d’efforts d’atténuation importants, le niveau de “risque résiduel” sera équivalent au niveau de risque climatique actuel augmenté d’un tiers.

Ces résultats mettent en lumière trois messages-clés :

  • L'augmentation du risque climatique à l’échelle planétaire sera substantielle, y compris dans le cas d’une forte atténuation des émissions de GES, d’où l’importance cruciale que les efforts d’atténuation soient mis en oeuvre rapidement.
  • L’adaptation, qui vise à réduire les impacts, est une stratégie tout aussi cruciale que l’atténuation ; l’une ne va pas sans l’autre.
  • Les risques résiduels sont inévitables, ce qui appelle une amélioration très substantielle des politiques et pratiques de gestion du risque climatique, notamment en termes d’anticipation des changements futurs.

En savoir plus

Estimating the global risk of anthropogenic climate change – Nature Climate Change volume 11, pages 879–885 (2021)

Magnan A.K., Pörtner H.-O., Duvat V.K.E., Garschagen M., Guinder V.A., Zommers Z., Hoegh-Guldberg O., Gattuso J.-P.

https://doi.org/10.1038/s41558-021-01156-w

Contact

Jean-Pierre Gattuso
Chercheur CNRS au LOV – IMEV
Alexandre Magnan
Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI)