Étudier l’îlot de chaleur urbain grâce aux véhicules connectés

Résultat scientifique Océan Atmosphère

La densification des villes et la croissance urbaine vont de pair avec l'exposition d'une plus grande part de la population à l'effet d'îlot de chaleur urbain. Ce phénomène caractérisé par des températures plus élevées en ville qu'à la campagne à proximité est une préoccupation majeure au vu de son influence sur la santé et le confort thermique des habitants.

Afin d’y faire face, et dans le contexte du réchauffement climatique et l’adaptation pour en limiter les conséquences, les urbanistes et décideurs locaux ont besoin de données climatologiques précises afin de proposer des solutions d’aménagement adéquates. Du fait de la difficulté à déployer des réseaux de mesure à fine échelle dans les villes et leur coût élevé, les climatologues utilisent de plus en plus de données collectées par la population elle-même (données dites “crowdsourcées”). Ici, ce sont les données des thermomètres des voitures connectées qui sont exploitées. Les températures sont mesurées par des sondes placées sous les rétroviseurs ou sous le pare-chocs avant.

Une étude réalisée par une équipe de chercheuses et chercheurs de plusieurs laboratoires français (CNRM, LSCE, LETG, CRC Biogeosciences) a analysé la fiabilité de ces mesures relativement à celles issues de réseaux météorologiques urbains comme à Rennes et Dijon. En appliquant un algorithme de correction des données brutes, la comparaison des résultats pour ces deux villes montre que l’on obtient des données très proches de celles obtenues par des réseaux de mesure professionnels. Par cette méthode, le système d’observation est densifié et la cartographie à très fine échelle d’îlot de chaleur urbain de zones jusqu’alors non explorées devient possible. De ce fait, cela améliore l’identification des facteurs favorisant ou inhibant le phénomène.

Les données collectées à l’été 2018 dans l’ensemble de l’Europe ont, par exemple, permis de visualiser l’effet du relief sur les températures de Dijon et de Barcelone mais également l’effet refroidissant des parcs à Paris et à Rennes. Cette nouvelle méthode permettra de mieux évaluer la capacité des modèles météorologiques à représenter l’effet d’îlot de chaleur et ainsi d’aider à mettre en place des mesures de prévention appropriées.

Îlot de chaleur nocturne médian lors d'une vague de chaleur à Paris du 01/08/2018 au 09/08/2018 à 200 m de résolution spatiale. Les observations provenant de véhicules roulant à moins de 10 km/h ne sont pas prises en compte. © Eva Marquès

Pour en savoir plus

E. Marquès, V. Masson, P. Naveau, O. Mestre, V. Dubreuil, Y. Richard Urban heat island estimation from crowdsensing thermometers embedded in personal cars. Bulletin of the American Meteorological Society, 2022. 

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Eva Marquès
Doctorante au CNRM (Météo-France / CNRS)