Collier fabriqué en 2017 par la Société Chantecler de Naples (Italie) et comprenant 54 branches et 18 cabochons de corail rouge de Méditerranée © Chantecler (Naples, Italie)

Identification des coraux précieux par spectrométrie

Résultat scientifique Terre Solide

Le corail rouge de Méditerranée (Corallium rubrum) est utilisé pour la fabrication de bijoux depuis des millénaires. Depuis le 19ème siècle, d’autres coraux précieux sont exploités dans le Pacifique. En raison des prélèvements importants et des risques pour les populations, des pays ont fait inscrire des espèces du Pacifique dans l’annexe 3 de la CITES (Convention on International Trade in Endangered Species of Wild fauna and flora). C’est le cas de Corallium japonicum, qui est également de couleur rouge. L’inscription à la CITES impose des règles de commerce international strictes, tandis que les autres espèces (comme le corail rouge de Méditerranée) sont libres de circulation. Cependant, les institutions de régulation ne disposent pas de moyens sûrs d’identification des coraux précieux permettant de séparer les espèces libres de circulation de celles qui sont soumises aux règles de la CITES. La détermination de la composition chimique des squelettes de C. rubrum et de C. japonicum par spectrométrie LA-ICP-MS (Laser Ablation Inductively Coupled Plasma Mass Spectrometry) met en évidence des différences de concentration en barium et en plomb entre les deux espèces. L’étude statistique des données indique que les différences sont suffisantes pour les identifier, avec un fort degré de confiance. La méthode a été appliquée en aveugle sur des cabochons déjà travaillés en joaillerie, et s’est avérée concluante. De plus, l’étude démontre le caractère peu destructif de la méthode d’analyse (cratère de 40 µm de diamètre, invisible à l’œil nu). Une méthode non-destructive pour l’identification de coraux précieux relevant, ou non, de la CITES a donc été mise au point. L’étude permet de conclure que la variabilité de certains éléments, comme Ca, S, Mg, Na est principalement liée à des variations de vitesse de croissance, tandis que des différences de composition des eaux de mer (Méditerranée vs Pacifique) seraient à l’origine des différences de concentration de Ba et Pb entre C. rubrum et C. japonicum, la Méditerranée ayant des concentrations de ces éléments plus élevées que le Pacifique.

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Identification of Precious Corals (Corallium rubrum vs C. japonicum) Using LA-ICP-MS Analysis – The Journal of Gemmology

Daniel Vielzeuf, Bruna Giordano, Jean-Luc Devidal, Angèle Ricolleau, Jonathan Perrin, Catherine Balme-Heuze and Nicole Floquet

https://doi.org/10.15506/JoG.2021.37.6.596

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Daniel Vielzeuf
Centre interdisciplinaire de nanoscience de Marseille (CINAM)