Arrivée d'un système convectif à Agoufou au Mali en août dans la matinée. Photo prise pendant la campagne AMMA (Analyses Multidisciplinaires de la Mousson Africaine).© Françoise GUICHARD/Laurent KERGOAT/CNRS Images

La mousson a facilité la dispersion précoce d’Homo sapiens vers l’Est asiatique

Résultat scientifique Océan Atmosphère Surfaces continentales

Une équipe internationale, comprenant un chercheur du CNRS Terre & Univers (voir encadré), vient de mettre en évidence que des changements des précipitations de la mousson estivale pourraient avoir favorisé la dispersion précoce d’Homo sapiens hors d'Afrique au cours du dernier interglaciaire (entre environ 125 000 et 70 000 ans). Le rôle précis des changements climatiques sur la dispersion initiale de notre espèce, Homo sapiens, depuis l’Afrique vers l’Est de l’Asie est une question majeure en paléoclimatologie et paléoanthropologie. Cette relation restait sous-explorée en raison du manque de synthèse et d’une approche intégrée utilisant à la fois les données paléoanthropologiques et paléoclimatiques.

Les scientifiques ont étudié la dynamique de la mousson asiatique estivale à l’échelle orbitale au cours des 280 000 dernières années et son influence probable sur la dispersion précoce d’Homo sapiens vers l’Est de l'Asie. L’équipe a réalisé une intégration unique :

  • Nouveaux enregistrements de la mousson asiatique d’été à une résolution centennale provenant du plateau de Loess chinois
  • Reconstructions hydroclimatiques d'Asie de l'Est basées sur un modèle numérique de climat
  • Compilation de données paléoanthropologiques
  • Simulation globale de la qualité de l'habitat d’Homo sapiens (‘climatic envelop model’) (voir Figure 1).

La combinaison de ces reconstructions basées sur des données et des modèles suggèrent que les précipitations de la mousson asiatique d’été ont répondu à une combinaison de forçage : variation du volume de glace de l'hémisphère Nord, gaz à effet de serre et forçage régional de l’insolation estivale.

La modulation des précipitations de la mousson estivale et les augmentations de température en Asie de l'Est conjointement à la détérioration du climat en Afrique du Sud-Est pourraient avoir favorisé la dispersion précoce d’Homo sapiens hors d'Afrique, vers les régions les plus reculées de l'Asie de l'Est, au cours du dernier interglaciaire (entre environ 125 000 et 70 000 ans) (Figure 1). 

Laboratoire CNRS impliqué

Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux (EPOC - OASU)

Tutelles : BORDEAUX INP / CNRS / Univ. BORDEAUX

Figure 1© Ao et al., 2024.

Légende

Modélisation de la qualité de l'habitat d’Homo sapiens. (A) Répartitions, âges bruts et agrégés,  des fossiles d’Homo sapiens de Chine. (B) Séries temporelles simulées de la qualité de l'habitat d’Homo sapiens en Asie de l'Est au cours des derniers 280000 ans et (C) carte simulée de la qualité d’habitat d’Homo sapiens entre 125 000 et 70 000 ans avec les localités occupées par H. neanderthalensis, les Denisoviens et les premiers Homo sapiens. 

Pour en savoir plus

Contact

Thibaut Caley
Chercheur CNRS au laboratoire Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux (EPOC - OASU)