L'activité d'Encelade dévoilée en infrarouge

Résultat scientifique Univers Terre Solide

En juillet 2005, la découverte de jets de glace et de vapeur d’eau au pôle sud d’Encelade (un des satellites de Saturne) fût l’un des évènements majeurs de la mission Cassini-Huygens. Au cours de ses 13 années d'exploration du système Saturne, le spectromètre imageur visible et infrarouge de Cassini (VIMS) a capté la lumière réfléchie par la planète, ses anneaux et ses dix principales lunes. En enregistrant la lumière réfléchie par la surface d’Encelade à différentes longueurs d’ondes, VIMS permet de révéler la composition (principalement de la glace d’eau) et l’état physique de cette glace en surface. Les données infrarouges VIMS acquises durant 23 survols proches de 2005 à 2016 ont été combinées à des images détaillées, enregistrées par la caméra ISS de Cassini, pour réaliser une nouvelle carte spectrale globale d’Encelade.

La fusion de cette carte infrarouge avec la carte visible ISS montre clairement que les signaux infrarouges sont corrélés avec l'activité tectonique actuellement en cours au pôle sud, où des panaches de grains de glace et de vapeur jaillissent d'un océan qui se trouve sous la croûte glacée. Les fractures appelées "rayures du tigre", d'où proviennent les panaches, sont visibles sur l’image ci-dessous en fausses couleurs rouge vif, traduisant la présence en surface de particules de glace fraîche. Cette nouvelle carte globale montre également que des signatures infrarouges similaires, quoique moins marquées (donc probablement plus anciennes), sont également visibles sur l’une des vues équatoriales dans l'hémisphère nord.

Ces résultats suggèrent que cette large zone au nord a connu un épisode relativement récent de renouvellement de sa surface, témoignant d’échanges avec l’océan interne. Les traces d’une activité récente - au sens géologique du terme - dans l’hémisphère nord montrent qu’une activité comparable à ce que l’on observe au pôle sud aurait pu avoir lieu dans l’hémisphère nord, et pourrait être associée à des points chauds sur le plancher océanique d’Encelade.

Ce même type de cartographie infrarouge pourra être réalisé à partir des observations des missions JUICE et Europa Clipper, permettant ainsi de confirmer des activités cryovolcaniques récentes sur les lunes de Jupiter, Europe et Ganymède.

En haut : vues équatoriales, dont l’une présente une zone rougeâtre suggérant la présence de glace relativement fraîche. En bas : pôle Nord (gauche) et pôle sud (droite), siège d’une intense activité actuelle. © NASA/JPL-Caltech/University of Arizona/LPG/CNRS/University of Nantes/Space Science Institute

En savoir plus

Photometrically-corrected global infrared mosaics of Enceladus: New implications for its spectral diversity and geological activity – Icarus, pp. 113848

R. Robidel, S. Le Mouélic, G. Tobie, M. Massé, B. Seignovert et C. Sotin et al.

https://doi.org/10.1016/j.icarus.2020.113848

 

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Stéphane Le Mouélic
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