Le changement climatique modifie la disponibilité de l'eau terrestre

Résultat scientifique Surfaces continentales

L'eau est vitale aussi bien pour les écosystèmes que pour les êtres humains. Mais les volumes d'eau terrestre disponibles (quantités d'eau restant des précipitations après évaporation) sont inégalement répartis sur la planète. En outre, ils varient au fil du temps. Ainsi, ils diminuent dans certaines régions depuis quelques décennies, comme en Europe du Sud, tout en ayant tendance à augmenter ailleurs. Le changement climatique est-il responsable de ces évolutions ou sont-elles simplement dues à la variabilité naturelle du climat ?

Une équipe de recherche internationale1 a reconstitué la disponibilité en eau dans le monde au cours du mois le plus sec des années 1902 - 2014 en utilisant des modèles climatiques et de nouvelles observations. Les chercheurs ont ensuite comparé la disponibilité en eau des années 1985 - 2014 à celle de la première moitié du XXe siècle. Ils ont ainsi pu tracer un schéma global de l'évolution de la disponibilité en eau au cours des trois dernières décennies.

Pour vérifier le rôle du changement climatique sur cette évolution, les chercheurs ont utilisé la méthode dite d'attribution qui consiste à comparer des séries d'observation avec des simulations climatiques calculées avec et sans émissions de CO2 d'origine humaine. Seules les simulations avec influence humaine concordant avec le schéma des changements observés, les auteurs de l’étude estiment qu'il est très peu probable que l'évolution de la disponibilité en eau soit le produit de fluctuations naturelles.

Cette étude est la première à établir au niveau mondial un lien entre le changement de disponibilité en eau pendant les saisons sèches et le changement climatique induit par l'Homme. Elle met également en évidence une intensification des saisons sèches dans de nombreuses régions extratropicales, notamment en Europe, en Amérique du Nord, en Sibérie, en Afrique australe et de l'Est, généralement causée par une plus grande évaporation (due à des températures et des radiations plus élevées) plutôt que par une réduction des précipitations.

  • 1Les laboratoires français impliqués sont le laboratoire Milieux environnementaux, transferts et interactions dans les hydrosystèmes et les sols (METIS/IPSL, CNRS / Sorbonne Université / EPHE), le Centre national de recherches météorologiques (CNRM, CNRS / Météo-France) et l’Institut des géosciences de l'environnement (IGE/OSUG, CNRS / IRD / Université Grenoble Alpes (UGA) / Grenoble INP).

En savoir plus

Observed changes in dry-season water availability attributed to human-induced climate change, Ryan S. Padrón, Lukas Gudmundsson, Agnès Ducharne, David M. Lawrence, Jiafu Mao, Daniele Peano, Bertrand Decharme, Gerhard Krinner, Hyungjun Kim and Sonia I. Seneviratne, Nature Geoscience, vol 13, 477–481 (2020). https://doi.org/10.1038/s41561-020-0594-1

Contact

Bertrand Decharme
Chercheur CNRS au Centre national de recherches météorologiques (CNRM)
Agnès Ducharne
METIS/IPSL
Gerhard Krinner
IGE/OSUG