Le destin des débris plastiques vers le fond de la Méditerranée

Résultat scientifique Océan Atmosphère

Ce travail, basé sur un modèle avancé de dispersion de plastique qui a été calibré à partir des observations, a analysé le transport et le destin de débris de plastique à basse densité dans la Mer Méditerranée. L'étude, menée par une équipe de recherche1  qui implique un laboratoire CNRS-INSU (cf encadré), révèle que les courants profonds transportent les débris de plastique en train de s'écouler sur des centaines de kilomètres avant de se déposer sur les fonds marins.

La mer Méditerranée est réputée pour son niveau de pollution plastique important, parmi les plus forts au niveau mondial. Dans cette étude, les auteurs ont examiné le destin de débris plastique dans la colonne d’eau et leur déposition sur le fond marin. Environ 50% de plastiques relâchés en mer sont moins dense que l’eau de mer, donc ils flottent. Cependant, après quelques mois en mer, les débris peuvent être colonisés par les organismes marins. Un processus dénommé le biofouling  augmente la densité des débris, qui peuvent ensuite écouler. Ici, les scientifiques ont simulé les trajectoires des débris plastiques du moment où ils s’écoulent de la surface de la mer, jusqu’ à leur déposition sur le fond marin. Ils ont ainsi découvert que les débris plastiques voyagent de grandes distances pendant qu’ils coulent (en moyenne 119-282 km). Cette dynamique peut créer des régions sur le fond avec des concentrations de plastique potentiellement grandes, qui peuvent venir de nombreux pays. Ce travail indique également la présence d’activités biologiques sur les plastiques tout le long de la colonne d’eau2 .

Les résultats de cette étude soulignent l’importance de considérer tous les compartiments marins, et pas seulement la surface. La recherche a révélé que les débris plastiques restent dans la colonne d’eau plus de temps que nous le pensions. Cela peut augmenter les effets néfastes sur le biote marine et des mesures contre la pollution plastique des pays méditerranéens sont nécessaires.

  • 1Guidée par le Dr. Alberto Baudena de l’Université de la Sorbonne en France, est composée de trois institutions: la Sorbonne Université-CNRS (France), le Centre Helmholtz GEOMAR (Allemagne), et l’Université de Bordeaux-CNRS (France).
  • 2Ce résultat est obtenu grâce à des observations incluant les données de l'Expédition Tara Mediterranean (le plus grand jeu donné sur le plastique en Méditerranée actuellement).

Laboratoire CNRS impliqué

Laboratoire d'océanographie de Villefranche (LOV – OCA )

Tutelles : CNRS / Sorbonne Université

Échantillon de plastique prélevé sur la campagne Tara Méditerranée, en 2014.© Cyril FRESILLON / OOV / LOV / CNRS Images

Pour en savoir plus

Low-density plastic debris dispersion beneath the Mediterranean Sea surface (2023). Alberto Baudena, Rainer Kiko, Isabel Jalón-Rojas, Maria Luiza Pedrotti. Environmental Science&Technology. DOI 10.1021/acs.est.2c08873

L’étude fait partie des projets PLASTIMED et H2020 LABPLAS. 

Contact

Alberto Baudena
Ingénieur –technicien CNRS au Laboratoire d'océanographie de Villefranche (LOV)