Les mesures de pluie depuis l’espace peuvent aider à anticiper les catastrophes liées aux glissements de terrain

Résultat scientifique Surfaces continentales

Chaque année à travers le monde, de fortes pluies induisent de nombreux glissements de terrains causant de fortes pertes humaines et économique. Comme les pluies intenses du 15 Février 2022 au Brésil qui ont déclenchés de nombreux glissements de terrains et coulées de boues dans la ville de Petrópolis, tuant plus de 200 personne. Ces évènements sont particulièrement fréquents dans les pays de la bande intertropicale, où les réseaux météorologiques de mesure de pluie sont souvent lacunaires et peu adaptés pour comprendre et anticiper les conditions de pluie qui déclenchent les glissements de terrain, alors mêmes que les pluies extrêmes risquent de devenir plus fréquent à cause du changement climatique.

Pour pallier ce manque de données, une équipe internationale, dont certains scientifiques du laboratoire Géosciences environnement de Toulouse (GET / OMP/ CNRS / UT3 / IRD / CNES) a évalué la capacité de la constellation satellite GPM (gérée par la NASA et la JAXA) à mesurer correctement les quantités de précipitations ayant causées des glissements de terrain. La force de ces estimations de pluies par satellites est leur disponibilité à travers l’ensemble du globe depuis les années 2000. Cette étude a été mené sur 20 évènements de pluie ayant causés de 80 à 10,000 glissements de terrain à travers le monde (Caraïbes, Andes, Méditerranée, Afrique, Asie du Sud-Est). Les mesures satellites ont permis de quantifier la pluie durant l’évènement, ainsi que l’intensité de la pluie décennale (c’est à dire revenant statistiquement tous les 10 ans) dans la région. Dans 75 % des cas de fortes pluies d’un ou plusieurs jours (typiquement des cyclones), la région contenant les glissements de terrains correspond aux zones de pentes où l’intensité de pluie était bien supérieure à celle de la pluie décennale, et où l’anomalie de pluie était la plus forte depuis le début des mesures satellites. Par contre, dans le cas de pluies intenses ayant durées moins de 8h, les constellations satellites n’ont en général pas pu détecter une pluie particulièrement intense.

Malgré cette limite, l’étude suggère que les constellations satellites peuvent déjà servir à comprendre le déclenchement des glissements de terrains, mais aussi que les prédictions de pluies en temps réel (« Nowcast ») fournies par ces mêmes constellations satellites pourraient devenir la base de système d’alerte régionaux dans les zones manquant de données aux sol.

En (a) la carte d’anomalie de pluie, En (b), une carte topographique, avec la zone d’étude montrée en identifiée en bleue, montre la zone d’escarpement où les pentes permettent des glissements de terrain (zones non grisées en a). © GET

(a) R*, (c’est à dire du ratio entre la pluie cumulée pendant 12h durant l’évènement et le cumul de pluie  pour une pluie décennale durant 12h) dérivée du produit de pluie satellite GSMaP pendant le typhon Idaï en Mars 2019 au Zimbabwe. Les contours où R*>1 et R*>1.2 sont en trait blanc pointillé et blanc solide et les glissements de terrains sont représentés par des points noirs.

Pour en savoir plus

Marc, O., Jucá Oliveira, R. A., Gosset, M., Emberson, R., & Malet, J. (2022). Global assessment of the capability of satellite precipitation products to retrieve landslide-triggering extreme rainfall events, Earth Interactions (published online ahead of print 2022). Retrieved Jun 27, 2022.

Contact

Marc Odin
Géosciences Environnement Toulouse (GET / OMP / CNRS / Univ. Paul Sabatier Toulouse)