L’INSU a un nouveau DAS Océan-Atmosphère

Institutionnel Océan Atmosphère

Jean-François Doussin est enseignant-chercheur à l’Université Paris-Est Créteil en chimie de l’atmosphère. Depuis le 1er janvier 2021, il a remplacé Bruno Blanke en tant que directeur adjoint scientifique (DAS) pour le domaine Océan-Atmosphère (OA) à l’INSU. Il nous raconte son parcours et ses projets pour l’avenir.

Quel est votre parcours et sur quoi portent vos recherches ?

 

En tant que chimiste de l’atmosphère, j’étudie les transformations chimiques qui y ont lieu ainsi que leur impact sur la qualité de l’air et le climat. Cela se fait à la fois en laboratoire, dans des chambres de simulation atmosphérique, et sur le terrain. J’ai participé à plusieurs campagnes de terrain, en France, en Belgique, dans le bassin Méditerranéen et en Namibie notamment, mais l’essentiel de mon travail porte sur les chambres de simulation atmosphérique. Avant de devenir DAS, j’étais responsable de la chambre CESAM, un instrument national de l’INSU, et coordinateur du consortium Eurochamp-2020 qui réunit la quasi-totalité des grandes chambres d’Europe. Une chambre de simulation atmosphérique est un réacteur dont la taille peut aller jusqu’à plusieurs centaines de mètres cubes. On y mélange des composants de l’atmosphère, on reproduit le rayonnement solaire et divers forçages environnementaux (température, humidité, présence de particules, de gouttelettes d’eau…) et on étudie les transformations qui ont lieu. Une fois que nous avons identifié, puis qualifié, ces processus (natures de produits, rendements, vitesses, interdépendances…), les modélisateurs peuvent les insérer dans leurs modèles pour mieux en évaluer l’impact. Plus marginalement, les chambres permettent aussi d’étudier l’atmosphère d’autres planètes ou l’environnement cométaire.

 

Aviez-vous déjà des fonctions au sein de l’INSU avant de devenir DAS ?

 

J’ai un parcours assez long à l’INSU. Entre 2007 et 2012, j’ai été membre de la commission spécialisée océan-atmosphère (CSOA) et présidé le comité « Équipement mi-lourds en dynamique et chimie de l’atmosphère ». La CSOA est un comité de chercheurs et de représentants d’organismes qui évalue l’adéquation des moyens de la recherche aux besoins de la communauté et aide à implémenter les prospectives nationales. Elle anime également, tous les cinq ans, ces prospectives dont l’objectif est de discuter des priorités de recherche et de proposer des pistes pour les années à venir. C’est un peu le parlement de la communauté OA ! Le rôle m’a fortement intéressé et je me suis impliqué, si bien qu’en 2012 je suis devenu président de la commission pendant deux ans. En 2014, j’ai ensuite été nommé délégué scientifique pour l’atmosphère, en charge du suivi des unités de recherche, des affaires européennes, des infrastructures de recherche et de données et du programme national de chimie atmosphérique (LEFE-CHAT).

 

Quelle est votre vision de l’INSU et pourquoi avoir décidé de postuler au rôle de DAS ?

 

Pour moi, l’INSU est un organisme très important pour la communauté de par sa mission de coordination de la communauté et de ses grands instruments. Dans le domaine OA, on travaille dans des milieux très vastes : l’océan, l’atmosphère, mais aussi leurs interfaces comme le domaine côtier, l’interface avec la biosphère et les villes. La prise en compte des dynamiques spatiales et temporelles de ces compartiments du système Terre nécessite l’utilisation de grands instruments comme des bateaux, des avions, des réseaux de flotteurs, des ballons, des services d’observation de longue durée etc. J’ai postulé au rôle de DAS car j’ai envie de faire vivre les communautés de recherche, de préserver à la fois leur agilité et leur liberté, mais aussi de favoriser leur articulation et leurs synergies pour donner plus d’impact et de visibilité encore à leurs actions de recherche.

 

Quels seront vos premiers projets en tant que DAS ?

 

La décennie des océans, qui débute cette année, est évidemment une opportunité de mettre en valeur la diversité des recherches menées dans nos unités et nos infrastructures. En parallèle, les chantiers identifiés par la prospective transverse de l’INSU et notamment celui de la Ville, de même que le focus régional mis par le CNRS sur l’Afrique, constituent – parmi d’autres -  des rendez-vous naturels pour le domaine OA.

De manière générale, j’aimerais que nous communiquions davantage étant donné que le domaine OA est en première ligne du changement climatique. C’est une mission sociétale d’une grande importance et nous nous devons de contrer les fake news et les climatosceptiques. Il me parait essentiel de communiquer non seulement sur nos résultats, mais aussi sur l’importance des outils communautaires que nous mettons en œuvre et sur la passion qui anime un grand nombre des personnels de nos unités.

Autre chantier important, engagé depuis un certain nombre d’années et que je veux poursuivre : donner à nos infrastructures de recherche une assise pérenne aux niveaux national et européen. À l’heure actuelle, la plupart ont un volet européen mais souvent sous forme de projets limités qui doivent être renouvelés régulièrement. La constitution d’infrastructures de recherche pour pérenniser l’accès aux moyens que j’évoquais au début de cette interview est l’une des réponses. Elles permettent, non seulement, l’établissement de modèles économiques pérennes, mais elles constituent aussi de formidables lieux d’échanges scientifiques, techniques et méthodologiques pour les acteurs de l’observation et les opérateurs de grands instruments. Enfin, en mettant librement à disposition de toute la communauté scientifique leurs données et leurs services, elles offrent une visibilité et une exploitation maximale de ces produits qui ont souvent nécessité des investissements considérables.

 

Propos recueillis par Marie Perez