Mais où est passé le lithium primordial ?
Pourquoi ne retrouve-t-on pas autant de lithium dans les étoiles vieilles qu'il y en avait à l'origine de l'Univers ? Une équipe internationale(1) dont fait partie un astrophysicien du GRAAL (CNRS, Université de Montpellier 2), Olivier Richard, aurait résolu l'énigme. Dans un article publié dans Nature (2006, vol. 442, p. 657) les chercheurs montrent que les abondances atmosphériques de plusieurs éléments chimiques, dont le lithium, varient avec le stade évolutif des étoiles et que ces variations correspondent à celles prédites par les modèles d'évolution stellaire développés à Montréal et à Montpellier dans la mesure où ces modèles tiennent compte des effets de la diffusion des éléments à l'intérieur de l'étoile.
Les observations du fond cosmologique effectuées par le satellite WMAP ont permis de fortement contraindre les paramètres cosmologiques de l'Univers. En particulier la densité baryonique (densité de matière ordinaire) déterminée par ces observations, combinée avec les modèles standards de nucléosynthèse primordiale, permet de déterminer avec une précision sans précédent les quantités d'hydrogène, d'hélium et de lithium produits peu de temps après le Big Bang. L'abondance primordiale prévue de lithium est un facteur de deux à trois fois plus haute que la valeur mesurée dans les atmosphères des vieilles étoiles. Avec des erreurs estimées de 10 à 25%, cette différence en abondance de lithium défie sérieusement notre connaissance de la physique stellaire, de la nucléosynthèse primordiale ou des deux. Certaines modifications des modèles de nucléosynthèse primordiale ont été proposées, mais se sont révélées expérimentalement non valables. La théorie de la diffusion, cependant, prévoit que les abondances atmosphériques des étoiles changent avec le temps, ce qui offre une explication possible de cette différence d'abondance de lithium.

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Notes
- L'équipe se compose d'Olivier Richard du GRAAL, d'Andreas Korn, Paul Barklem, R. Collet, Nikolai Piskunov, et Bengt Gustafsson de l'université d'Uppsala (Suède), de Frank Grundahl de l'université d'Aarhus (Danemark), et de Lyudmila Mashonkina de l'académie russe de la Science (Russie).