Michel Marcos : une médaille de cristal pour son savoir-faire et expertise unique en optique de précision
Opticien de précision au Laboratoire d’astrophysique de Marseille (LAM – AMU / CNRS / CNES), Michel Marcos exerce un métier au savoir-faire unique : polisseur de miroirs optiques pour l’astronomie de pointe. De l’artisanat au spatial, il conçoit avec une rigueur nanométrique des surfaces optiques destinées à la détection de nouvelles planètes extra-solaires : leur polissage doit être parfait pour capter et renvoyer les lumières de faible intensité des exoplanètes. Il a notamment réalisé l’un des miroirs superpolis pour l’instrument chasseur d’exoplanètes SPHERE, installé sur le télescope VLT au Chili, et l’intégralité des miroirs du futur télescope spatial américain Roman Space Telescope, dédié à l’imagerie directe des exoplanètes.
Depuis son atelier, il développe des solutions innovantes permettant la fabrication de surfaces complexes et de diminuer d’un facteur trois les temps de réalisation des optiques pour une qualité exceptionnelle. En repoussant les limites de l’optique, il œuvre ainsi à la recherche de nouveaux mondes et à l’avancée des connaissances sur l’habitabilité au-delà de notre système solaire.
« Mon parcours se démarque de manière atypique » résume Michel Marcos. Après plus de dix ans d'expérience dans l'industrie optique, il rejoint le Laboratoire d’astrophysique de Marseille (LAM) en 2013. « De là, j’ai pu valoriser mes travaux pour finalement obtenir un diplôme de BTS par Validation d’Acquis de l’Expérience (VAE) à Aix-Marseille Université, un an plus tard ». Il s’impose rapidement comme un expert du polissage sous contrainte, une technique développée au LAM depuis les années 1960. Cette méthode, qui consiste à déformer élastiquement une pièce optique pendant le polissage pour obtenir des surfaces asphériques complexes, permet d'atteindre des régularités de surface de quelques nanomètres et des rugosités inférieures à deux angströms - des performances essentielles pour l'imagerie directe d'exoplanètes.
Au sein de la plateforme POLARIS, Michel Marcos joue un rôle central dans la fabrication de miroirs optiques de très haute précision pour de grands projets internationaux. Il a notamment réalisé les 16 miroirs asphériques super polis du coronographe du télescope spatial Nancy Grace Roman de la NASA. « Sans cet instrument, il serait impossible au télescope, aussi gros soit-il, de faire de l’observation directe d’exoplanètes. » Son expertise a également été mise à profit pour des projets comme le VLT-SPHERE (ESO), le programme ITER, l’optique adaptative de l’ONERA, ou encore la mission EUCLID de l’ESA.
Aujourd’hui, il collabore avec le CNES et l’Institut Charles Gerhardt de Montpellier pour développer des techniques de polissage sub-angström à base de nanoparticules, en vue de futures missions comme le Habitable Worlds Observatory, successeur du James Webb. Il travaille aussi avec le Space Telescope Science Institute (STScI), autour du banc HiCAT, pour relever les défis instrumentaux des télescopes de demain, en particulier le coronographe et le miroir géant de LUVOIR, télescope de 15 mètres de diamètre. En parallèle, Michel Marcos transmet son savoir-faire en encadrant des stagiaires et en assurant des formations de référence sur le polissage et la métrologie optique, notamment à l’École Centrale Méditerranée. Plaçant l’humain au cœur de la conquête spatiale, il incarne ainsi l’excellence artisanale au service de la science.