Mitate Lab : Création d'un laboratoire international pour explorer les conséquences de l’accident nucléaire de Fukushima
Fin juin 2025 a eu lieu l’inauguration du laboratoire international de recherche (IRL) 2039 Mitate Lab. Post Fukushima Studies à l’université de Fukushima, présidée par Hiroki MIURA, en présence du PDG du CNRS, Antoine Petit, du directeur de CNRS Terre et Univers, Nicolas Arnaud, accompagnés d’une délégation du siège du CNRS, Gilles Bernard-Michel, représentant du CEA et des membres du nouveau laboratoire international.
La signature de l’accord a été précédée par deux journées de terrain dans l’ancienne zone évacuée autour de la centrale nucléaire de Fukushima, afin de permettre à la délégation d’être confrontée à la diversité des problématiques émergentes sur le territoire concerné.
La cérémonie durant laquelle le CNRS, le CEA et l’université de Fukushima se sont associés pour la création de Mitate Lab., est l’aboutissement de 14 années de suivi pluridisciplinaire des suites de la triple catastrophe (tremblement de terre, tsunami, accident nucléaire) qui a frappé la région du Nord-Est du Japon en mars 2011.
Depuis lors, une équipe, principalement franco-japonaise, dirigée par Cécile ASANUMA-BRICE (CNRS) et co-dirigée par Olivier EVRARD (CEA) et Yoshifumi WAKIYAMA (Université de Fukushima) a mené des études, abordant les questions relatives à ces territoires en transition profonde, tant du point de vue de la transformation des paysages, de leur occupation humaine et sociale, que de l’évolution de leur contamination ou des politiques de décontamination, à une échelle inédite.

Cet accident et sa gestion se déroulent sur un temps long et nécessitent dès lors une appréhension pluridisciplinaire sur place. Il s’agit d’un évènement dit « NaTech », lors duquel un aléa naturel (séisme, tsunami, ...) a impacté une installation industrielle et provoqué un accident dont les conséquences ont porté atteinte aux personnes, aux biens et à l'environnement. L’ampleur des conséquences environnementales et sociétales justifie la mobilisation scientifique sur le long terme.
Une approche multidisciplinaire combinant sciences humaines et géosciences s’étendra à l’étude de la gestion des crises et catastrophes environnementales.
L’équipe du LSCE du CNRS est la 1ère équipe non japonaise et non américaine à être arrivée sur les lieux pour la recherche après la catastrophe. La direction de l’IRL porte une attention particulière à la mise à disposition des données générées par ses équipes de recherche (données en open access). L’IRL, facilite l’accès au terrain des chercheurs et étudiants qu’ils accueillent dans leur laboratoire à l’université de Fukushima. Celle-ci leur donne également l’accès aux laboratoires et équipements analytiques de l’Institut de Radioactivité Environnementale.
Au-delà de ses partenaires directs, Mitate lab. regroupe une trentaine de chercheurs principalement français et japonais, qui participent aux différentes activités de Mitate lab. : ateliers online mensuels, sorties de terrain en groupe, symposium internationaux annuels organisés tour à tour en France ou au Japon. Avec une production conséquente d’articles internationaux, Mitate Lab. vise à promouvoir la recherche sur ce sujet, et celui des risques environnementaux, à l’échelle internationale.

La formation à la recherche est une priorité des porteurs de MITATE Lab. Le laboratoire accueille des stages de Master chaque année, 5 thèses de doctorat ont déjà été soutenues (et 2 autres en cours actuellement), des post-doctorants financés par des agences françaises ou japonaises. Ainsi la JSPS a déjà financé 4 postdocs et un 5ème vient de l’être.
Mitate lab. a également vocation à étendre ses thématiques de recherche aux autres risques environnementaux, comme les feux de forêts ou les désastres sédimentaires (glissements de terrain, érosion massive, etc.), qui suscitent de plus en plus d’intérêt de la part de la communauté scientifique internationale, le but étant de tenter de trouver les réponses les plus pertinentes à leur gestion.