Nouvel éclairage sur la provenance des sédiments éoliens européens au dernier maximum glaciaire
Une étude publiée dans Communications Earth & Environment révèle que, durant le Dernier Maximum Glaciaire (LGM), une partie des poussières fines déposées en Europe provenait du Sahara. En combinant analyses géochimiques et modélisations climatiques, les scientifiques montrent que ces particules ont parcouru plusieurs milliers de kilomètres à haute altitude, révisant notre compréhension des interactions entre poussières, climat et circulation atmosphérique.
Cette recherche menée dans le cadre du projet LEFE–INSU GEOPOUSS révèle que, durant le Dernier Maximum Glaciaire (~23–19 ka BP), une partie des poussières fines déposées en Europe provenait du Sahara. En combinant des analyses géochimiques et des simulations d’un modèle Système Terre, une équipe internationale impliquant des chercheuses et chercheurs du CNRS Terre & Univers et du CNRS Écologie et Environnement a retracé les origines et les trajets de ces poussières à l’échelle du continent.
Suivre la trace des poussières glaciaires
L’équipe a étudié des échantillons de lœss, des sédiments éoliens issus de dépôts de poussières, prélevés sur quinze sites européens le long d’un transect à 50°N. Ces analyses ont permis de différencier les particules grossières (2–20 μm), d’origine locale, des particules fines (<2 μm), au signal géochimique homogène et distinct.
Les particules grossières présentent des signatures isotopiques compatibles avec des sources européennes proches, confirmant un transport à courte distance et basse altitude. En revanche, les poussières fines affichent une composition caractéristique des sources sahariennes, témoignant d’un transport atmosphérique à longue distance et haute altitude à travers la Méditerranée.
Des modèles qui confirment un transport transcontinental
Les simulations du modèle climatique corroborent ces résultats : la poussière fine déposée en Europe pendant le LGM provenait majoritairement d’Afrique, avec des contributions mineures des régions tropicales d’Amérique et d’Asie. Ces travaux suggèrent que les sources sahariennes ont pu également contribuer aux dépôts observés dans les carottes de glace du Groenland, longtemps attribués aux déserts asiatiques.
Repenser le rôle du Sahara dans les climats passés et futurs
Ces conclusions remettent en question la vision dominante d’une poussière glaciaire essentiellement locale et soulignent le rôle du Sahara dans la variabilité climatique à l’échelle planétaire. Comprendre ces sources passées de poussière et leurs voies de transport est essentiel pour affiner les modèles climatiques, tant pour reconstituer le passé que pour anticiper les évolutions futures.
Pour en savoir plus
A remote input of African dust to Last Glacial Europe
Communications Earth & Environment, 2025
Laboratoires CNRS impliqués
Géosciences Montpellier
Institut de Physique du Globe de Paris
Laboratoire de Géographie Physique : Environnements quaternaires et actuels