Prix 2025 de l’Académie des sciences : des chercheuses et chercheurs CNRS Terre & Univers à l’honneur
Sous la Coupole de l’Institut de France, l’Académie des sciences a remis le 28 octobre 2025 ses prix et médailles annuels lors d’une séance solennelle réunissant la communauté scientifique française. Plus de cinquante chercheuses et chercheurs ont été distingués pour l’excellence et l’impact de leurs travaux. Parmi eux, plusieurs scientifiques issus des laboratoires du CNRS Terre & Univers (INSU) ont vu leurs contributions reconnues, dans les domaines de la planétologie, des géosciences, des sciences du climat et de l'océan.
À travers ces prix couvrant l’ensemble des disciplines, des mathématiques aux sciences de l’Univers, en passant par la biologie, la chimie et la physique, l’Académie consacre à la fois des chercheuses et chercheurs confirmés et de jeunes talents prometteurs.
Ces distinctions illustrent la vitalité d’une recherche française ouverte sur la société et sur les grands défis contemporains : changement climatique, transition énergétique ou préservation de la biodiversité.
Parmi les lauréats et les lauréates 2025, 12 scientifiques affectés à des laboratoires de l’INSU se distinguent :
Isabelle Baraffe - Médaille des sciences de l'univers
Directrice de recherche CNRS, Centre de recherche astrophysique de Lyon (Cral) et professeure en détachement à l'université d'Exeter (Angleterre)
Les travaux d’Isabelle Baraffe sont consacrés à la structure et l'évolution des étoiles et des planètes, couvrant un vaste éventail de domaines physiques, avec des contributions remarquables dans l'étude des exoplanètes, naines brunes et étoiles de faible masse. Elle développe actuellement des modèles stellaires et planétaires multidimensionnels innovants et prometteurs pour l’étude de processus fondamentaux.
Rodolphe Le Targat - Subvention Fondation Simone et Cino Del DUCA
Chercheur au Laboratoire national de métrologie et d'essais (LNE), Laboratoire Temps-Espace (LTE)
Grâce à son projet Roymage, Rodolphe Le Targat développe des horloges atomiques transportables, basées sur la mécanique quantique. Elles sont capables de détecter de minimes déformations de l’espace-temps, avec une résolution de 18 chiffres. Grâce à ces instruments, il étudie la géodésie chronométrique, science qui mesure la forme de la Terre grâce aux données d’horloges. Ses recherches se situent ainsi à l’intersection de la physique fondamentale et des applications civiles.
Benjamin Brigaud - Prix Michel GOUILLOUD SCHLUMBERGER
Professeur à l’université Paris-Saclay, laboratoire Géosciences Paris-Saclay (Geops)
Benjamin Brigaud est spécialiste de la sédimentologie. Ses activités d’enseignement et de recherche portent sur la géologie des bassins sédimentaires. Ses travaux visent à reconstituer l’histoire géologique des bassins, en retraçant l’évolution des paléo-environnements et en datant les minéraux. Il étudie également comment optimiser l’utilisation des roches sédimentaires en tant que réservoirs pour la géothermie et comment développer les nouveaux usages des bassins (stockage d’énergie, hydrogène naturel).
Pierre-Yves Bard - Prix DOLOMIEU fondé par le BRGM
Ingénieur général honoraire des Ponts, Eaux et Forêts, chercheur à l'université Gustave Eiffel, Institut des sciences de la Terre (Isterre)
Pierre-Yves Bard s'intéresse aux méthodes d'évaluation quantitative de l'aléa sismique et notamment aux modulations induites par le proche sous-sol, en lien avec la physique de la propagation des ondes sismiques. Il a notamment étudié leur piégeage dans les vallées alluviales, promu et cadré l'utilisation des vibrations ambiantes pour l'auscultation non invasive des sols et structures, et défriché les interactions globales avec le bâti urbain (« interaction site-ville »).
Casimir De Lavergne - Prix Christian LE PROVOST
Chercheur CNRS, Laboratoire d'océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques (Locean) de l'Institut Pierre Simon Laplace
Casimir de Lavergne s’intéresse aux mouvements de l’océan profond et leurs répercussions sur le climat. Ses recherches ont révélé la structure et les moteurs des courants dans les grandes profondeurs de l’océan. Il a également développé des modèles théoriques et numériques des transports verticaux dans l’océan, qui contribuent aujourd’hui à élucider les interactions entre le climat et l’océan profond.
Pierre-Olivier Lagage - Prix Astrophysique et Sciences spatiales / CNES
Directeur de recherche CEA, Service d'astrophysique, laboratoire Astrophysique, instrumentation, modélisation (AIM)
Après une thèse théorique sur l’accélération des rayons cosmiques, Pierre-Olivier Lagage se spécialise dans l’observation du cosmos dans le domaine Infrarouge. Il est le responsable scientifique français pour le développement de plusieurs instruments innovants pour les télescopes au sol ou dans l’espace, et notamment pour l’instrument Miri du JWST, avec lequel il étudie l’atmosphère des exoplanètes.
Catherine Ritz - Prix Gérard MEGIE / Fondation de l'Académie des sciences
Directrice de recherche CNRS, Institut des géosciences de l’environnement (IGE)
Glaciologue, Catherine Ritz étudie, à l’aide de modèles numériques, la réponse des calottes de glace Antarctique et Groenland aux variations du climat, dans le passé comme pour le futur. Elle s’est également impliquée dans la datation des carottes de glace et dans la sélection du site de forage en Antarctique qui a récemment permis d’extraire un enregistrement climatique d’au moins 1.5 million d’années.
Eric Guilyardi - Prix des Sciences de la Mer IFREMER
Directeur de recherche CNRS, Laboratoire d'océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques (Locean) de l'Institut Pierre-Simon Laplace et professeur à l'université Reading (Grande-Bretagne)
Eric Guilyardi est océanographe et un spécialiste du rôle de l'océan dans un climat qui change. Il a été auteur principal du 5eme rapport du GIEC et a contribué au 6eme. Il préside l'Office for Climate Education, sous l’égide de l'Unesco, qui accompagne les enseignants pour l’éducation au changement climatique. Il est également membre du Conseil scientifique de l’Éducation nationale et siège au Comité d’éthique du CNRS.
Dominique Bockelée-Morvan - Prix des Sciences de l'univers/Fondation Henri Deslandres de l'Académie des sciences
Directrice de recherche CNRS, Laboratoire d’instrumentation et de recherche en astrophysique (Lira)
Dominique Bockelée-Morvan est spécialiste des comètes, qu’elle observe en spectroscopie millimétrique et infrarouge depuis le sol ou l’espace. Ses travaux ont permis l’identification de nombreuses molécules présentes dans les glaces de leur noyau, avec des implications fortes sur notre compréhension de l’histoire du Système solaire. Elle a été fortement impliquée dans la mission Rosetta de l’ESA. Elle a récemment découvert du CO2 dans l’exosphère de Ganymède avec le JWST.
Emilie Capron - Prix sur la recherche scientifique en zone polaire et subpolaire
Chercheuse CNRS, Institut des géosciences de l'environnement (IGE)
Émilie Capron reconstruit l’évolution passée du climat à partir de l’analyse de carottes de glace polaire. Dans le cadre de son projet Mogpa Hotclim (2020-2026), elle étudie les variations du climat et du cycle du carbone au cours de périodes marquées par un réchauffement polaire proche de celui prévu d’ici 2100. Ses résultats servent de bancs d’essai pour évaluer les modèles utilisés pour effectuer les projections climatiques pour le futur.
Catherine Chauvel - Prix Léon LUTAUD remis avec la médaille Millot / Fondation Georges Millot et Léon Lutaud de l'Académie des sciences
Directrice de recherche CNRS, Institut de physique du globe de Paris
Catherine Chavel est une géochimiste qui allie éléments traces et systèmes isotopiques pour comprendre l’évolution de la Terre au cours des temps géologiques. Elle est connue pour ses travaux sur les volcans de points chauds, la croute continentale et les zones de subduction. Par cette approche, elle démontre le rôle de la tectonique des plaques dans la diversité des laves produites par le manteau terrestre.
Luc Aquilina - Prix Aymé POIRSON
Professeur à l'université de Rennes, Observatoire des sciences de l’environnement de Rennes (Oseren), Géosciences Rennes
Avec son équipe, Luc Aquilina s’attache à rendre visibles les eaux invisibles du sous-sol. Il étudie leur composition chimique et microbiologique, leur circulation et leurs échanges avec les rivières. Il a créé le laboratoire de datation des eaux souterraines et il construit avec des collectivités territoriales des modélisations de l’impact du changement climatique sur la ressource en eau.
Célébrer la diversité et la vitalité de la recherche
Ces prix mettent en lumière aussi bien la recherche fondamentale qu'appliquée, menée au sein des laboratoires CNRS Terre & Univers, à l’interface des sciences de la Terre, du climat et de l’espace.
Ils rappellent la contribution essentielle de ces travaux à la compréhension du fonctionnement de notre planète et de son environnement, et témoignent du rôle structurant du CNRS et en son sein de l'Institut national des sciences de l'univers dans la production et la diffusion des connaissances scientifiques.
Toutes nos félicitations aux lauréates et lauréats !