Le radar Ronsard (5,6 GHz) du centre d'étude des environnements terrestre et planétaire (CETP) et le mât météorologique de 30 m, tous deux sur le site instrumental régional de télédétection atmosphérique (SIRTA). © Patricia DELVILLE/CNRS Photothèque

Un nouveau DAS pour soutenir l'innovation instrumentale à l'INSU

Institutionnel

Début 2021, Cyrille Flamant, chercheur en physique atmosphérique au Laboratoire atmosphères, milieux, observations spatiales (Latmos) a rejoint l’équipe de direction de l’INSU. Son poste de directeur adjoint scientifique en charge des développements instrumentaux innovants pour la recherche et l’observation (DIIRO) a été créé cette année afin de soutenir l’innovation instrumentale et de favoriser le partage entre domaines de l’INSU. Il travaille en binôme avec Pierre Kern, directeur adjoint technique, qui s’occupait jusqu’alors seul des questions d’instrumentation. Pierre et Cyrille nous expliquent comment est née l’idée de ce nouveau poste, en quoi consistent leurs missions et les chantiers qu’ils ont d’ores et déjà lancés.

En quoi consiste ce nouveau poste de directeur adjoint scientifique ?

 

C.F : Le directeur adjoint scientifique DIIRO a pour mission de coordonner les réflexions prospectives destinées à accompagner le développement instrumental innovant et transverse à l’INSU, en collaboration avec les directeurs adjoints scientifiques et les commissions spécialisées. La direction adjointe scientifique DIIRO est constituée du DAS DIIRO, du directeur adjoint technique (DAT) et de quatre chargés de mission institut (CMI). Deux des quatre CMI sont rattachés à des domaines de l’INSU afin d’avoir des points de contact partagés.

 

À quel besoin répond la création de ce poste ?

 

P.K : En 2020, l’INSU a mené, pour la première fois, une prospective transverse à ses quatre domaines disciplinaires : terre solide ; surfaces et interfaces continentales ; océan et atmosphère ; astronomie et astrophysique. L’objectif était de définir les défis scientifiques interdisciplinaires sur lesquels l’INSU sera collectivement transformant et affichera son engagement dans les 5 à 10 années à venir. Ce travail a permis, entre autres, d’identifier l’importance vitale de l’instrumentation à l’INSU en support à ses missions d’observation et d’analyse in situ et extérieure. Ce besoin se décline dans des environnements multiples incluant l’espace, la haute atmosphère, l’océan en surface et en profondeur, les milieux polaires, tropicaux, volcaniques et souterrains. Jusqu’à présent, le suivi de nos développements instrumentaux, à la fois sur la partie prospective/innovation et sur la partie opérationnelle, relevait du DAT. Pour assurer ce suivi plus largement et renforcer le lien entre les domaines de l’INSU sur ces questions instrumentales, il nous est apparu essentiel d’agrandir l’équipe. Le travail en binôme DAS/DAT permet d’amplifier notre capacité d’animation et de suivi, tout en recentrant les missions du DAT sur les questions opérationnelles.

 

C.F : La relative étanchéité entre domaines de l’INSU et la disparité des usages vis-à-vis de l’instrumentation sont aussi à l’origine de la création de ce poste. Certains domaines de l’INSU utilisent essentiellement des équipements « sur étagère » (qui existent déjà et que l’on peut acheter facilement). D’autres sont contraints de développer leurs moyens d’observation en interne, avec l’appui des partenaires académiques et industriels, afin d’atteindre les niveaux de performance indispensables à leurs observations. Mais ces dernières années, nous avons noté, pour l’ensemble des domaines de l’INSU, une forte tendance à recourir à une instrumentation à la limite de l’état de l’art. Le nombre croissant de demandes de soutien à la division technique de l’INSU est un indicateur solide de cette tendance, tout comme la part importante de l’instrumentation innovante dans les projets EquipEx+ portés par l’INSU et récemment financés dans le cadre du PIA3. Enfin, bon nombre des développements instrumentaux innovants d’un domaine peuvent bénéficier à d’autres domaines de l’INSU, et il faut éviter que chacun ait à « réinventer la roue ». Forte de ce constat, la DAS DIIRO a pour ambition d’accompagner le transfert, l’application et la valorisation des développements instrumentaux innovants faits dans un domaine de l’INSU vers ses autres domaines quand cela est pertinent.

 

Cyrille, pourquoi avoir candidaté au poste de DAS DIIRO ?

 

C.F : L’instrumentation a toujours eu une forte résonnance en moi. J’ai en effet été impliqué depuis le début de ma carrière dans un programme innovant, ambitieux et précurseur de développements de lidars embarqués pour l’étude de la dynamique et de la composition atmosphérique, porté par Gérard Mégie, Pierre Flamant (mon cher père) et Jacques Pelon à l’IPSL. La carrière de mon père dans le domaine de l’innovation instrumentale a également eu valeur d’exemple et n’a pas été anodine dans mon choix de me lancer dans cette aventure à l’INSU. Pour moi, l’innovation instrumentale est synonyme de progrès des connaissances, mais est aussi une grande source de satisfaction lorsque qu’un concept prend corps et permet, une fois déployé sur le terrain, de répondre aux attentes. Je puise ma motivation pour cette fonction de DAS dans le défi que représente la mutualisation, pour l’ensemble de l’institut, d’une partie des développements instrumentaux faits dans les domaines. Par le passé, j’ai su apprécier l’importance et la richesse des discussions en inter-domaines en tant que président du programme national de télédétection spatiale (PNTS). Comme président de la commission spécialisée océan atmosphère (CSOA), j’ai également pu constater l’étendue de l’ingéniosité et du savoir-faire de nos communautés en termes d’instrumentation innovante.

 

Comment vous répartissez vous le travail ?

 

P.K : Je conserve les missions opérationnelles, à savoir :

  • Assurer une coordination et une animation sur l’instrumentation en lien avec les directions techniques des laboratoires et des observatoires de sciences de l’Univers (OSU), et superviser la démarche de qualité au sein des unités,
  • Suivre les évolutions métiers et la formation permanente via les ANF portés par l’INSU et par les réseaux métier de la MITI et de l’institut,
  • Coordonner l’opération des moyens nationaux labellisés par l’INSU (plateformes, instruments, équipements, et parc nationaux) en étant attentif à la jouvence et la modernisation.

 

C.F : Je prends en charge les missions innovation et prospective, à savoir :

  • L’identification des compétences et actions de R&D stratégiques à maintenir et/ou développer au sein des laboratoires et des OSU,
  • L’accompagnement du transfert, de l’application et de la valorisation des développements instrumentaux innovants entre domaines de l’INSU,
  • L’organisation de l’implication de la division technique de l’INSU dans les projets instrumentaux stratégiques pour l’institut, ainsi que la mise en place des moyens nationaux afférents,
  • L’établissement d’un plan de développement et d’évaluation des technologies pertinentes pour l’instrumentation innovante pour l’ensemble des domaines de l’INSU,
  • L’identification le cas échéant des sources de financement adaptées pour les développements émergeants et au cours de leur montée en maturité technologique,
  • L’accompagnement du volet instrumental de grands projets structurant de l’INSU, si ceux-ci ne sont pas directement suivi par les CS de domaine.  Ce volet inclus par exemple le suivi à la mise en place des EQUIPEX, ou d’éventuelles IR/TGIR à inscrire sur la feuille de route ministère,
  • Le développement de stratégies instrumentales intégrées et interdisciplinaires basées sur les outils de grande envergure de l’institut comme les observatoires, les moyens aéroportés et les moyens océanographiques.

 

Quels sont vos premiers chantiers ?

 

P.K : Nous sommes actuellement en train de finaliser la constitution de la commission spécialisée instrumentation innovante transverse (CSIIT) dans laquelle les quatre domaines seront représentés. Celle-ci sera composée à 50 % de chercheurs et à 50 % d’ITA (ingénieurs, techniciens et administratifs), une première pour une CS ! Nous pourrons nous appuyer sur la CSIIT pour implémenter les recommandations de la prospective INSU concernant les défis relatifs à l’instrumentation innovante :

  • Identifier le vivier d’ITA et chercheurs instrumentalistes (y compris hors INSU) et, si nécessaire, accompagner l’émergence de nouveaux réseaux métier, notamment en lien avec l’instrumentation et les capteurs environnementaux
  • Faire un certain nombre d’inventaires au sein de l’INSU : compétences et expertises ; moyens de caractérisation (métrologie), de tests, de réalisation et d’étalonnage ; entreprises travaillant avec les laboratoires,
  • Développer les outils capables d’évaluer l’intérêt scientifique pour l’INSU des données issues de capteurs low-cost existants ou de capteurs produits par des actions de science participative.

 

C.F : Notre ambition est de mettre en place une structure d’animation capable de coordonner en transverse les développements instrumentaux pour les besoins de l’observation. Pour construire notre projet, nous avons mené jusqu’à fin janvier 2021 une phase de discussion et d’échanges avec l’ensemble des DAS et présidents et présidentes de CS des domaines. Dès que la situation sanitaire le permettra, je compte également prendre mon bâton de pèlerin pour visiter largement nos moyens expérimentaux au sein des laboratoires et OSU de l’INSU et y présenter la démarche de la DIIRO. Par cela, notre objectif sera de communiquer sur l’apport de cette nouvelle DAS, dont l’objectif n’est pas de refaire ce qui se fait déjà très bien dans chaque domaine, mais de construire à partir de leurs spécificités respectives. Un objectif central est que chaque domaine puisse profiter d’une vision transverse de l’instrumentation à l’INSU. À l’appui de cet objectif, nous entamons un autre chantier : la préparation de l’appel d’offres qui viendra soutenir des actions de développements instrumentaux d’intérêt pour au moins deux des domaines de l’INSU. Il débutera à l’automne 2021 et les demandes pourront être soumises dans le cadre de la campagne DIALOG, adossées à des demandes faites en réponse aux appels d’offres des programmes nationaux. Nous allons également commencer à préparer l’atelier « Expérimentation et Instrumentation » prévu en 2022. Nous souhaitons qu’il devienne un rendez-vous emblématique des communautés de l’INSU, en lien avec les autres instituts du CNRS, les grands organismes partenaires (Ifremer, Météo-France, CNES, INRAe, IRD, BRGM…) et les industriels. Enfin, nous voulons contribuer à la communication de l’INSU vers le grand public autour des développements innovants et inter-domaines. L’année 2021 promet d’être dense et trépidante !