Une pollution atmosphérique au mercure inégale entre les hémisphères nord et sud

Résultat scientifique Surfaces continentales

to d'une tourbière en Terra del Fuego.

Le mercure (Hg) est un métal-trace toxique qui affecte la faune et la santé humaine. Il est rejeté dans l'environnement par des processus naturels (volcanisme, altération de la croûte terrestre…), mais aussi par les activités humaines (exploitation minière, combustion du charbon…). Le Hg élémentaire, la forme dominante des émissions, a un temps de résidence de 6 à 12 mois dans l'atmosphère, ce qui permet sa dispersion au sein de chaque hémisphère avant son dépôt en surface, y compris dans les environnements les plus isolés.
Les évaluations de la pollution mondiale au Hg s’appuient sur les archives naturelles que sont les sédiments lacustres, les tourbières ou les glaciers et sur les estimations des émissions naturelles et anthropiques de Hg. La dernière évaluation mondiale du Programme des Nations Unies pour l'environnement (UNEP) sur le Hg (2018) indique que « Les activités humaines ont augmenté les concentrations atmosphériques totales de Hg d'environ 450 % (soit un facteur 4,5) par rapport aux niveaux naturels d’avant le XVe siècle ». Cependant, la plupart des études ont été menées dans l'hémisphère nord où la majorité des émissions anthropiques de Hg ont eu lieu.

Une équipe internationale1 a exploré l’évolution millénaire de l'enrichissement en mercure dans les hémisphères nord (HN) et sud (HS). Pour ce faire, elle a examiné les taux d'accumulation du Hg publiés par une centaine d’études portant sur les archives de sédiments et de tourbes des 2 hémisphères, ainsi que les taux mesurés de quatre nouvelles tourbières de l'HS provenant de l'île d'Amsterdam, des îles Malouines et de la Terre de Feu.
Leur étude montre que l'atmosphère de l’HN s’est enrichie en Hg d’un facteur 16 depuis le XVe siècle, soit trois fois plus que ce qu’indique l’évaluation de l’UNEP, alors que celle de l’HS ne s’est enrichi que d’un facteur 4. Les chercheurs attribuent cette différence aux faibles émissions anthropiques de Hg dans l’HS et aux niveaux naturels plus élevés du Hg dans l'atmosphère de l’HS. Ces résultats suggèrent que la différence dans les niveaux atmosphériques de fond de Hg dans l’HS et l’HN (respectivement 0,4 et 0,2 ng/m3) devrait être prise en compte dans les politiques environnementales.

  • 1Les laboratoires français impliqué sont le Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement (OMP, CNRS / UPS / INP Toulouse) et le laboratoire Géosciences environnement Toulouse (GET/OMP, UPS / CNRS / IRD / CNES) et l’Institut franco-argentin d'études sur le climat et ses impacts (IFAECI, Université de Buenos Aires / CONICET / CNRS).

Financement

L’étude a été financée par les Programmes IPEV 1066 « PARAD » et 1065 « PALATIO » et par H2020 ERA-PLANET (689443) iGOSP and iCUPE.

En savoir plus

Unequal anthropogenic enrichment of mercury in Earth’s northern and southern hemispheres. Chuxian Li, Jeroen E. Sonke, Gaël Le Roux, Natalia Piotrowska, Nathalie Van der Putten, Stephen J. Roberts, Tim Daley, Emma Rice, Roland Gehrels, Maxime Enrico, Dmitri Mauquoy, Thomas P. Roland, François De Vleeschouwer. Earth & Space Chemistry. https://dx.doi.org/10.1021/acsearthspacechem.0c00220

Contact

Jeroen Sonke
Chercheur CNRS au laboratoire Géosciences environnement Toulouse (GET)
Francois De Vleeschouwer
IFAECI